BD. Guinée, octobre 2001. Le grand projet de Géant, la construction de l’orphelinat pour les gamins des rues de Conakry, avance bien mais il va lui falloir davantage d’argent car l’imam veut bien donner son aval si, en échange, Géant finance l’agrandissement de la mosquée…Heureusement, ATK, un leader politique communiste à qui on a fait comprendre (en l’intimidant…) qu’il valait mieux qu’il parte (il s’opposait à l’influence grandissante des chinois dans le pays…), lui a demandé de lui fabriquer une pirogue pour qu’il puisse quitter Conakry. Un argent qui tombe bien même si la traversée sera plus mouvementée que prévu, des passagers supplémentaires montant finalement à bord au dernier moment…
Arnaud Floc’h a grandi au Cameroun puis il est ensuite régulièrement retourné en Afrique (au Mali, au Burkina, en Guinée) par la suite et ça se sent. Tout ici, en effet, sonne juste : les superstitions (avec ce bébé ensorcelé qui oblige Bakari à quitter le village avec ses enfants), les étals dans les rues à même le sol, les dialogues avec ces expressions typiquement africaines comme « wallaye » ou « le bengala » (on vous laisse deviner de quoi il s’agit sachant qu’on est censé le garder dans le pantalon…), les maisons, assemblages de béton et de tôles et, surtout, les personnages, criant de vérité, qui symbolisent, chacun, une facette de cette Afrique contemporaine : Géant est celui qui veut aller de l’avant ; ATK représente la période communiste qu’a connu le continent, intimement liée au combat pour l’indépendance ; Amadou, l’influence grandissante d’un Islam peu ouvert ; Lobi, les magouilles et la corruption qui gangrènent la société sans oublier les « amis » chinois et leur volonté affichée de s’installer en Afrique en investissant de plus en plus…Difficile, du coup, dans ces conditions, de faire avancer les choses même quand on est bien motivé comme Géant ! Un scénario habile, à la narration parfaitement huilée, qui voit la tension aller crescendo et qui oblige chacun à dévoiler qui il est vraiment. Pour un récit très réussi, au dessin agréable, qui tient en haleine jusqu’au bout de cette odyssée en mer tout en brossant, en creux, un portait tendre mais sans complaisance de l’Afrique noire contemporaine.
(Récit complet, 144 pages – Sarbacane)