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SERMILIK (Hureau)

BD. On aime beaucoup ce que fait Simon Hureau. Sa volonté de sortir des sentiers battus de la BD. Son envie de suivre ses envies artistiques aussi. On se souvient, par exemple, de Rouge Himba, un récit de voyage dans lequel il part à la rencontre de ce peuple de nomades de Namibie. Ou, plus récemment, de L’Oasis, où il raconte comment il a fait renaître la vie dans le jardin de la maison dans laquelle il a emménagé avec sa famille. Cette fois, avec Sermilik, il s’est attaché à retracer une expérience hors du commun, le rêve d’une vie. Celui de Max Audibert, un marseillais qui a décidé un jour (dans les années 80), alors qu’il était tout juste majeur, que ce qu’il voulait, c’était être chasseur dans l’Arctique. Il plaqua alors les études de médecine qu’il envisageait de faire pour s’installer sur la côte est du Groenland, à Tiniteqilaaq, un petit village habité de quelques dizaines d’Inuits, dans le fjord de Sermilik. Là, il fût accueilli par ceux qui allaient devenir ses maîtres, Elias puis Marius, et qui lui apprirent comment survivre dans le froid de l’inlandsis. Ils lui montrèrent comment diriger un traineau et se faire obéir de ses chiens, chasser et dépecer un phoque, reconnaître l’arrivée du piterak, ce vent glacial qui tombe parfois de la calotte glaciaire et vous traverse de son humidité (le ressenti peut descendre jusqu’à -50 degrés…) et lui enseignèrent aussi le Tunumiusut, le groenlandais de l’est. Tout ne fût pas aisé, bien sûr, mais à force d’écoute et de persévérance, le français sut se faire accepter des autochtones pour devenir non seulement l’un des leurs (il se maria avec une Inuit) mais aussi un personnage important et écouté de la communauté. Ainsi, il commença par endosser le rôle de responsable de la police avec Niels avant de suivre une formation à Nuuk, la capitale, pour devenir l’instituteur du village, s’attachant alors à ouvrir l’horizon de ses élèves tout en leur enseignant les gestes traditionnels de leurs ancêtres que les nouvelles générations ont tendance à perdre depuis l’arrivée des motos des neiges, des kayaks en plastique ou des bateaux à moteur…

Hureau est allé à la rencontre de Max pour passer du temps avec lui et en a tiré ce récit passionnant qui revient sur cette incroyable expérience de vie : 30 ans passés parmi les Inuits du Groenland ! Sur le bonheur de vivre simplement, au beau milieu d’une nature belle mais impitoyable. Sur l’importance de croire en ses rêves. Et qui livre en chemin une réflexion sur la modernité et l’importance des traditions. Le tout magnifiquement mis en images d’un trait souple, plein d’humanisme, rehaussé de couleurs sublimes à l‘acrylique qui mettent parfaitement en exergue la beauté du Groenland. Gros coup de cœur !

(Récit complet, 208 pages – Dargaud)

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