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SHANGRI-LA (Bablet)

shangrilaLes survivants de l’espèce humaine se sont réfugiés, après la grande catastrophe du 21ème siècle, sur l’USS Tianzhu, un gigantesque vaisseau spatial. Quelques générations plus tard, ses dirigeants y ont mis en place une société où la liberté qui semble régner n’est qu’une façade qui cache mensonges et secrets particulièrement horribles. Scott, qui part régulièrement en mission pour Tianzhu Enterprises sur des stations pour y enquêter sur des phénomènes étranges ayant lieu dans leurs labos de recherches atomiques, va petit à petit découvrir, au contact d’Aïcha, une amie de son frère Virgile, ou de John, un collègue animoïde (une race mi-humaine mi-animale créée par les scientifiques pour gérer les tâches les plus ingrates) à tête de chien, l’étendue de la manipulation et rejoindre la rébellion menée par Docteur Sunshine…

Difficile, voire impossible, de résumer cette œuvre sans la trahir un peu tant Shangri-La est ambitieuse, dense et riche. Pendant longtemps, le récit, en suivant les trajectoires de Virgile, Nova, Aïcha et Scott, se présente comme une critique intelligente et mordante des sociétés totalitaristes modernes (et de l’Homme) avec ce vaisseau (qui a bien sûr beaucoup de points communs avec notre société capitaliste actuelle…), l’USS Tianzhu, où se sont réfugiés les derniers hommes, dirigé par Tianzhu Enterprises et ses représentants qui donnent l’impression à ses habitants d’être libres tout en contrôlant tous leurs faits et gestes et en influant sur leurs désirs pour les faire consommer. S’il n’y avait que cette partie (qui représente ¾ du récit), Shangri-La serait déjà très réussie car la réflexion qu’y propose Bablet sur la liberté, le fonctionnement des sociétés, le « besoin » de trouver des boucs émissaires, la manipulation ou le capitalisme est fine et bien vue. Sauf que l’auteur y ajoute, avec le prologue, en fait un flash back qui fait un saut d’1 million d’années en arrière, et l’épilogue, avec ce nouvel homme qui a élu domicile sur Titan, le plus grand satellite de Saturne, un souffle et une dimension poétiques incroyables qui nous parlent de la création de notre galaxie, de l’apparition de la vie sur Terre ou de la place de l’Homme dans l’univers. Rien que ça ! Vu de loin, il est peut-être difficile d’imaginer comment Bablet agence tout cela dans son récit mais je vous assure que c’est particulièrement bien fait et au final tout s’imbrique de façon fluide et naturelle. L’une des très bonnes surprises de cette rentrée (Shangri-La, qui propose quelques cases dans l’espace tout simplement magnifiques, est en plus très bien dessiné, avec ce trait qui fait parfois penser à Pontarolo) par un auteur à suivre !

 

(Récit complet – Ankama)