BD. Jay et Kita poursuivent leur vengeance en punissant ceux (des hommes…) qui sont responsables de leurs souffrances: le révérend Green, Cole et bientôt Octavius Winterfield, le propre père de Jay. Elles peuvent compter sur l’aide des démons tatoués pour contrecarrer les plans de l’infâme commissaire Kurb en cas de besoin. Quand elles apprennent que l’empire britannique est sur le point, grâce à la société secrète dont le père de Jay fait partie, de mettre à l’eau une armada de bateaux blindés pour remettre la main sur les colonies américaines qui ont récemment déclaré leur indépendance, elles décident de faire appel au gang des Dead Ends, les gamins déshérités des faubourgs de l’est de Londres, pour en apprendre davantage sur ce projet qu’elles comptent bien faire échouer…
C’est un euphémisme d’écrire que le scénario proposé par Zidrou dans le tome 1 a beaucoup évolué depuis. En effet, alimentés par leur haine des salauds qui les ont asservies, méprisées ou abusées, les désirs de vengeance de Jay et Kita contre ces hommes se sont ensuite nourris des injustices que la société victorienne anglaise toute entière faisait subir à une grande partie de la population (les femmes mais aussi les pauvres…) pour se lancer dans une véritable vendetta contre l’empire britannique ! Un scénario qui s’est donc graduellement complexifié, intégrant à l’intrigue principal problématiques sociales et enjeux de souveraineté des colonies américaines, sans jamais perdre le lecteur. Là réside le talent de Zidrou qui a, en plus, ajouté ici une petite touche fantastique (avec ces démons qui apparaissent, comme par magie, pour venir en aide aux 2 femmes quand elles sont en péril) du plus bel effet. Car il sait que sur Shi il peut compter sur le talent de Homs pour mettre en images cet univers avec talent. L’espagnol livre en effet ici un travail graphique de toute beauté (encore plus évident dans les scènes où les démons apparaissent) à la force d’évocation impressionnante, mais qui reste, avant tout, au service de la narration.
Un tome 4 qui clôt donc avec brio ce premier cycle inspiré, placé sous le signe de la violence et de la haine qu’engendrent toujours les injustices. Et, bien sûr, de la mort, Shi ! Quelque chose nous dit (peut-être le succès critique et public de la série…) qu’un second cycle devrait voir le jour…
(Série, premier cycle en 4 tomes – Dargaud)