À l’origine, Shipping News se lance dans le projet original de sortir trois 45t, un par membre, sur lesquels chacun des musiciens composerait ses propres titres sans l’aide des autres. Les trois 45t, sortis aux Etats-Unis en édition limitée, étant épuisés, le groupe décide de les réunir sur un CD et de continuer l’expérience en ajoutant pour l’occasion quelques nouveaux titres, toujours sur le même concept de la composition solo. Vous l’aurez compris, « Three-Four » n’est pas vraiment un nouvel album de Shipping News. Et, comme souvent dans ce genre de cas, les membres séparés ne composent pas d’aussi bonnes chansons qu’en commun. Ici, c’est plutôt notre curiosité qui nous incite à décortiquer ce disque. Car ce genre d’exercice permet de percevoir un peu plus la sensibilité de chaque membre, sans le masque du groupe. Au final, les recherches des trois garçons ne sont pas si éloignées… Ces 14 titres permettent surtout à leur créateurs de se lâcher un peu, d’expérimenter de nouvelles choses. Et, à ce jeu, c’est Jason Noble qui offre le plus de morceaux, souvent longs et répétitifs, mais diversifiés et originaux. Malheureusement, j’en attendais plus de lui et, en général, ses titres ont tendance à se perdre. Reste tout de même de bons titres comme l’excellent et plus classique « the Architect in Hell », l’electro-pop quelque peu monotone de « Paper Lantern » et le touchant « Non-Volant » qui laisse ressortir la sensibilité de ce membre des Rachel’s. Tout aussi surprenant, Jeff Mueller déçoit lui aussi. Quand on connaît son passé (Rodan, June of 44), on peut s’attendre à mieux. L’homme semble s’attacher à la ballade lymphatique quelque peu ennuyeuse. On retrouve tout de même « diamond lined star… » qui laisse présager d’une excellente chanson et l’instrumental de clôture, « Everglade » qui fonctionne bien. En réalité, c’est sans doute le batteur qui s’en sort le mieux avec des titres plus bruts, plus simples, et obligatoirement mieux rythmés (« Haunted on foot », « Cock-a-doodle-doo », « Wax Museum »). On pouvait s’y attendre, ce disque n’est pas exceptionnel, malgré trois ou quatre excellents titres, mais reste indispensable pour tous les fans du groupe qui toucheront ici un petit secret de fabrication assez craquant.
(Album – Quarterstick)