BD. Russie, fin des années 90. Dimitri Lavrine et Slava Segalov font équipe. La conscience de Slava a parfois du mal avec les méthodes de Lavrine mais il ne veut plus de cette vie de pauvreté qu’il menait lorsqu’il était peintre. Alors, il aide Lavrine à démonter vitraux, lustres ou beau marbre qu’ils trouvent dans des lieux laissés à l’abandon après la chute du régime communiste pour les revendre ensuite à des gens friqués. Un jour qu’ils circulent avec leur camionnette pleine, ils tombent sur Nina et son père Volodia. Ce dernier travaille dans une mine qui vient de fermer et est sur le point d’être rachetée par un oligarque pour une somme dérisoire. Ils proposent aux deux hommes de les aider, eux et les autres mineurs, à racheter leur usine…
Après quelques one shots remarqués (citons Pereira prétend ou La Fuite du cerveau), Pierre-Henry Gomont a eu envie de se lancer dans une série, histoire d’avoir plus d’espace pour développer son univers. Voilà pour la genèse de Slava qui repose avant tout sur une…, non deux !, très bonnes idées. La première, c’est bien sûr de planter son intrigue dans les années 90 de la Russie post chute du régime communiste. Une période chaotique qui vit le pays passer sans transition d’une dictature qui imposait une vie spartiate au capitalisme le plus débridé, la Russie se débarrassant alors littéralement de ses usines et autres mines à des prix dérisoires auprès des oligarques les plus corrompus. La seconde, de créer un binôme, Lavrine et Slava donc, aussi différent que complémentaire, au potentiel comique évident : le premier étant un magouilleur de première qui ne voit les choses et les êtres que comme autant d’occasions potentielles de se faire de l’argent et le second un artiste désenchanté qui doit bien gagner sa vie mais garde des convictions malgré tout. Restez encore à trouver l’intrigue qui permettrait d’exploiter tout le potentiel des deux protagonistes…Ce qui est chose faite avec cette histoire de rachat d’une unité de production par ses ouvriers grâce aux talents de Lavrine et Slava mais aussi du comptable qui va maquiller les comptes…
Mais si lé récit (prévu en 3 tomes) fonctionne si bien c’est aussi, bien sûr, parce qu’il est porté par un dessin enthousiasmant : souple et plein de vie (il rappelle le travail de Blain, c’est dire…), il est aussi à l’aise dans les scènes comiques que dans les passages plus graves. Bref, la première série de Gomont démarre sur les chapeaux de roue…d’une Lada !
(Série en 3 tomes de 104 pages chacun – Dargaud)