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SLEAFORD MODS Mais où est passé l’homme à la canette de bière ?

29 mars 2022, L’Autre Canal, Nancy

Je l’avoue : je n’ai pas écouté le Bar.Rage #17 de mardi dernier. Mais j’avais une bonne excuse : j’étais en route pour Nancy pour aller voir Sleaford Mods à L’Autre Canal ! C’est Lice qui est chargé d’ouvrir la soirée. Signé sur Balley Records, le label de Joe Talbot, le chanteur d’Idles, le groupe de Bristol fait face à une grande salle de L’Autre Canal très clairsemée quand il arrive sur scène. Mais l’art punk des quatre anglais et l’humour second degré d’Alastair Shuttleworth, son chanteur maniéré, attirent rapidement ceux qui trainent au bar. Quand on ne connait pas les morceaux du groupe, leur post-punk a de quoi déstabiliser. Il rappelle parfois les autres bristoliens d’Idles et leur punk/noise-rock mais en s’avérant malgré tout plus imprévisible, n’hésitant pas à partir parfois dans des digressions surprenantes. Une singularité que Lice doit beaucoup au jeu de guitare de Silas Dilkes, tout sauf académique, qui pioche un peu dans tous les genres. Du coup, on a parfois un peu de mal à suivre le groupe dans ses délires tout en reconnaissant que Lice a une vraie personnalité. Notamment le chanteur, assez dingue dans son genre. Et quand le groupe tire sa révérence on se dit que l’on reverrait bien Lice dans un autre contexte, sur un set complet.

Lice
Sleaford Mods

Mais si nous sommes là ce soir c’est bien sûr pour ce qui reste un groupe unique dans le monde du punk-rock : Sleaford Mods ! Le duo, malgré le minimalisme de sa musique, s’est en effet forgé un beau succès et, mine de rien, une sacrée réputation de groupe de scène ! Andrew Fearn déboule donc sur scène 10 minutes avant le concert, sac au dos. Il en sort son pc, le pose sur le pupitre prévu pour ça, le branche, fait tourner un rythme quelques secondes, montre un pouce à l’ingé son puis repart après avoir fait des cornes du diable avec ses deux mains au public. Les balances façon Sleaford Mods…Une décontraction étonnante qui caractérise tout ce que fait le groupe. Car le reste sera du même tonneau ! Malgré tout quand Fearn revient quelques minutes plus tard pour balancer la première chanson en cliquant sur la touche play de son ordi, surprise : celui que l’on surnommait “l’homme à la canette de bière” se met aussitôt en mode teufeur et commence à danser. On ne l’arrêtera plus du set ! Même pas pour boire une petite binouze. Hallucinant ! Cela ne semble pas perturber un Jason Williamson très en forme. Visiblement ravi d’être là ! Comme à son habitude, il balance, souvent façon rap, ses paroles brocardant racisme, anglais arrogants, branleurs, Brexit, dirigeants politiques, conspirationnistes et autres connards de tous poils avec une véhémence intacte. Pour en profiter au mieux, il faut être dans les premiers rangs (même si ce n’est pas très Covid…), pour voir notre homme s’époumoner, éructer, cracher son venin. Réaliser ses chorégraphies singulières, faites de petits pas, une main dans le dos, aussi. Et apercevoir ses grimaces et autres mimiques second degré qu’il lance parfois au public. Le duo s’amuse et cela se voit ! Williamson ne prend que peu de temps pour reprendre son souffle et les titres s’enchaînent. Les tubes post-punk toujours aussi efficaces que sont Kebab Spider, B.H.S., Elocution ou Shortcummings. Mais aussi des morceaux plus surprenants. Depuis 2 ou 3 albums, le duo a en effet fait évoluer sa musique pour éviter de répéter une formule punk qui aurait pu lasser. En y faisant entrer des éléments plus pop ou soul, notamment. Pour un résultat convaincant jusque-là. Sauf que sur leur dernier album en date, Spare Ribs, ce sont cette fois des influences clairement plus électro (genre house ou jungle…) que Fearn a introduit. Sur The New Brick, Spare Ribs ou I Don’t Rate You, par exemple, que le groupe joue ce soir et je dois avouer ne pas être très fan… L’autre bémol de la soirée concerne la reprise, là aussi dansante et électro, du Don’t Go de Yazoo, très dispensable, que propose les deux hommes. Cela ne m’empêche cependant pas de passer un très bon moment. Car le duo a une nouvelle fois livré une superbe prestation. Une formule qui marche (presque) toujours aussi bien donc !

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