BD. La Collinière, une demeure paisible posée au milieu d’un immense parc. La propriété des Coudrier : madame ancienne actrice et monsieur ex-joueur de tennis professionnel désormais en fauteuil roulant. Une famille qui aime les traditions : ainsi le 31 octobre toute la famille se réunit avec leurs amis pour célébrer l’anniversaire de Dimitri, le fils modèle mort trop jeune, dans des conditions mystérieuses, lors d’une sortie en bateau. Mais alors que l’on s’affaire pour préparer le repas, Hermès, le petit-fils monté dans un arbre, surprend son papi-grand en grande conversation avec un inconnu qui semble lui demander de l’argent. Un homme qu’il retrouve un peu plus tard allongé à côté des citrouilles, mort…
Nicolas Pitz avait déjà adapté un roman de Malika Ferdjoukh, La Bobine d’Alfred. Il récidive avec Sombres Citrouilles, un whodunit mâtiné de satire sociale. Car derrière la façade lisse et propre de cette demeure, il y a du non-dit et des scandales. Bref, des cadavres dans le placard. Au propre comme au figuré. Une fille qui ne va pas bien depuis qu’on l’a obligé à avorter (le père du fœtus était africain…) et que l’on cache, un fils disparu dans des circonstances étranges (il s’est en fait donné la mort, rongé par la culpabilité) et une fille illégitime que le patriarche a eu avec Clara, la bonne à tout faire de la maison…Cela fait beaucoup pour cette famille que mami-grand veut pourtant à tout prix garder unie. Même si pour cela il faut faire semblant que tout va bien…
Le scénario, habile, permet en tout cas à Ferdjoukh de brosser un portrait de famille mordant (qui brocarde l’hypocrisie et la bêtise de ces lignées dont les valeurs affichées finissent par rendre les leurs malheureux) tout en tenant en haleine le lecteur avec l’enquête que mène les enfants pour découvrir qui a tué le maître chanteur. Un récit plaisant mis en images avec conviction par Nicolas Pitz (on retiendra par exemple l’utilisation surprenante mais inspirée de cartes à gratter pour les scènes de nuit) dans des tons automnaux très réussis.
(Récit complet, 158 pages – Rue de Sèvres)