BD. Au programme des réjouissances pour fêter les 50 ans de Futuropolis, il y a notamment 5 rééditions de ses œuvres phares. Après Carla, de Lob et Baudoin (dont on a récemment parlé dans ces colonnes), c’est cette fois Sophie de Munoz et Sampayo qui se voit offrir une nouvelle vie. Originellement paru en 1981, Sophie est un récit exigeant et engagé, à la narration teintée de psychédélisme (certains personnages ont d’ailleurs un pétard au coin de la bouche ou mangent des champignons…). C’est un portrait de femme, Sophie donc, grande mince aux cheveux courts et roux qui n’a pas sa langue dans la poche et fait absolument ce qu’elle veut. Une femme libre donc au milieu du machisme ambiant qui n’hésite pas à se promener nue si ça lui chante. Après avoir survécu à un black-out à New-York, elle se retrouve en prison pour scandale sur la voie publique et rébellion. Après s’en être évadée, elle rejoindra un groupe de révolutionnaires mexicains avant de fondre, avec eux, sur la prison d’Alamo pour libérer la Chingada-mère dont le lait acide va ensuite les aider à combattre, dans les airs, les avions américains qui les ont pris en chasse…
Morts vivants qui se joignent à Sophie et ses camarades dans leur lutte, corbeaux qui contemplent et commentent les scènes, lait en guise de missiles… : la narration de Sampayo, délirante et parfois échevelée, fait de cette ode à la liberté et de cette dénonciation de l’impérialisme américain (dans les années 70 les ingérences des américains dans la politique des pays sud-américains étaient fréquentes) une vraie curiosité dont ressort le dessin (un trait fin à la plume rehaussé d’aplats de noirs omniprésents) très personnel de Munoz. Cerise sur le gâteau, Futuropolis a ajouté 2 gros bonus à cette réédition : Sudor Sudaca, compilation de récits courts autour de la thématique de l’exil et le portfolio Tango y Milonga.
(Réédition, 176 pages – Futuropolis)