BD. Orpheline, Sara n’avait jamais rien su de ses origines. Elle n’avait que sa tante Fine qui l’avait élevée comme sa mère. Alors, quand, sur son lit de mort, elle lui tendit un bracelet en tissu sur lequel était écrit “Sousbrouillard”, Sara sût qu’il fallait qu’elle se rende dans ce village perdu au milieu de nulle part…A son arrivée, il pleut à verse. Au seul café du coin, où elle demande où elle peut dormir, on la dirige chez Eva de Moore, une cantatrice célèbre qui s’est retirée à Sousbrouillard avec son majordome Aimé, il y a des années de cela, pour une raison mystérieuse…
Décidément, Pandolfo et Risbjerg donnent naissance à de bien beaux récits ensemble. Surtout, la scénariste sait qu’elle peut laisser libre court à sa fantaisie, aller vers le western (Serena), explorer le conte médiéval (Perceval) ou encore proposer un genre de fable philosophique comme ici avec Sousbrouillard : Risbjerg saura mettre en scène ce qu’elle a imaginé dans sa tête. Car le dessinateur danois est à l’aise dans tous les registres, proposant toujours un dessin très juste, sans esbroufe, car avant tout au service de l’histoire. C’est une nouvelle fois le cas ici : ses personnages, attachants et criants de vérité, sont plus vrais que nature. Et ils nous emportent avec eux dans ce récit à tiroirs où chacun est invité (c’est Martine Sauveur, une bien drôle de sœur, qui a lancé cette tradition en convainquant, à son arrivée 20 ans auparavant, les villageois de parler à la vierge aux ronces) à raconter son histoire. Des histoires souvent tristes, d’amours déçus, de relations impossibles, d’enfants que l’on a été obligé d’abandonner justement par amour…Des histoires qu’il faut pourtant partager avec les autres pour y voir plus clair et aller mieux…
Un récit surprenant, notamment avec cette conclusion teintée de fantastique, qui nous parle, avec malice et inspiration, de la vie, de ses hasards joyeux (ou non…), de la complexité de l’Amour et de ses mystères, dans lequel on rencontre Aristote Onassis, un Inuit accueillant ou un lac mystérieux. Un roman graphique qui a du charme !
(Récit complet, 200 pages – Dargaud)