SPECTRES + PURA MANIA + YOUTH AVOIDERS + PIERRE & BASTIEN
(01.10.2017, Paris, Mécanique Ondulatoire)
Cela faisait quelque temps que je n’avais pas vu Pierre et Bastien. Comme souvent, les deux guitaristes se sont installés devant la scène, laissant le batteur seul sur son piédestal. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, il n’y a pas grand monde quand ils commencent. Il faut dire que nous sommes dimanche, et qu’il faut se motiver pour sortir de chez soi… Bref, en ce début de soirée, l’ambiance est encore un peu timide. Le trio envoie pas mal de morceaux du dernier album, pied au plancher, même si on sent que les répétitions ont dû être rares ces derniers temps… en mode « comment elle commence celle-là déjà ? », ou « désolé mais j’ai un trou, je ne me souviens plus des paroles »… en bref, un bon petit concert de début de soirée, dans une ambiance inhabituellement tranquille.
Tranquille, ce ne sera pas le cas du set des Youth Avoiders. Ça fait un bail que je ne les avais pas vus, et je dois avouer que j’avais été déçu à l’époque (il y a de nombreuses années) par leur changement de son. Mais là, non de diou, les gars vont sacrément remettre les pendules à l’heure. Du bon vieux hardcore old school, ultra efficace, et parfaitement maîtrisé. Je n’écoute plus beaucoup de groupes hardcore et il ne m’arrive que rarement d’en voir sur scène… du coup, leur violence est d’autant plus efficace. En quelques morceaux, ce sont les premiers disques de Dag Nasty et de Minor Threat qui me reviennent aux oreilles. Je me retrouve en pleine pré-adolescence, découvrant Gorilla Biscuit et les groupes de Washington DC, me prenant cette décharge d’énergie en pleine trogne. Les gars gèrent leur truc, et même si je préfère les sons plus bruts, et que je regarde de loin le pogo qui s’est formé dès le premier titre, je dois avouer que j’ai un grand sourire, et des souvenirs plein la tête.
C’est ensuite au tour de Pura Mania, groupe punk de Vancouver partageant deux membres avec Spectres, de monter sur scène. Leur punk est sale, mal élevé, froid et sauvage. Leur grande particularité, en plus de mélanger des influences dark punk et oi, est d’avoir un chant en espagnol, nasal et peu mélodique. Si derrière, la musique peut rappeler l’approche de Blitz, le chant est moins viril. Ici, la voix est hargneuse et nasillarde. Le mélange est étrange, mais percutant. L’impression de te faire engueuler par un petit diable mexicain. Les spécialistes apprécient la baffe. Une bien bonne découverte.
Enfin, Spectres viennent finir la soirée avec leur post-punk de plus en plus new-wave. Le public est chauffé à blanc par les groupes précédents et réagit au quart de tour. Les pogos partent même sur les morceaux les plus new-wave, va comprendre ! Sur scène, le chanteur surplombe avec sa carrure imposante. Mais je regarde plus souvent le bassiste avec son petit look mods. Le chanteur est trop froid. C’est lui qui donne beaucoup d’identité aux canadiens, mais à force d’effets et de grandes envolées sombres, je regrette un peu le post-punk plus brut des débuts. On a d’ailleurs le droit à quelques morceaux de l’époque, et ça fait un bien fou. Pour le reste du set, l’énergie de la musique est toujours intense, mais le chant vaporeux à tendance à me fatiguer sur la longueur. Ça manque un peu de contenu, de danger… peu importe, le set et les morceaux sont bons et le public apprécie.
Photos : LaMenace