Depuis qu’Yves H. a décidé de se consacrer entièrement au scénario (il avait débuté en auteur complet, écrivant et dessinant sa première œuvre, “Le secret des hommes-chiens”, en 1995) et d’écrire pour son père, il lui a proposé des univers très variés : celui de l’espionnage avec l’excellent “Zhong Guo” (chez Aire Libre), des vampires, avec “Sur les traces de Dracula” (chez Casterman) ou de la piraterie avec “Le diable des 7 mers” (également chez Aire Libre). Avec “Station 16”, c’est cette fois un thriller fantastique qu’il lui a concocté. Un récit qui permet à Hermann, entre paysages désolés de l’Arctique, explosions atomiques et aurores boréales, de s’en donner graphiquement à cœur joie ! Et de proposer aux lecteurs quelques superbes planches au passage…
“Station 16” se passe donc sur le cercle arctique, sur l’île de Nouvelle-Zemble, pour être précis. Sur une base russe complètement isolée, désormais désertée, mais qui fut LE lieu nucléaire stratégique (135 essais nucléaires y eurent lieu dont la fameuse Tsar Bomba, une bombe 4000 fois plus puissante que celle d’Hiroshima, en 1961 !) russe durant la guerre froide, où une patrouille de quelques militaires est chargée de s’assurer de la sécurité. Un jour de 1997, la base reçoit un message de détresse provenant de la station météo arctique 16 située au nord de l’île, une station pourtant fermée à la mort de Staline ! Le capitaine décide tout de même, par acquis de conscience, d’y envoyer quelques hommes en hélicoptère. Ce qu’ils y découvrent dépasse tout simplement l’entendement…
En tombant sur ce documentaire de Sladkowski (“Nouvelle-Zemble, l’archipel de la peur”) diffusé sur Arte en 1997, Yves H. savait qu’il tenait là un sujet en or, à l’ambiance naturellement étrange et flippante. Ne “restait ” plus alors qu’à ajouter à cette base réelle (tous les faits militaires concernant le nucléaire sont véridiques) le travail de son imaginaire inspiré, en extrapolant sur les atrocités commises sous le régime stalinien (avec notamment les expériences médicales menées sur des cobayes humains) ou les conséquences désastreuses, que l’on ne connaît d’ailleurs pas encore précisément (on en a la preuve ici…), des essais nucléaires sur le monde qui nous entoure, pour parfaire ce scénario effrayant, mâtiné de série B, toujours aussi bien mis en images, avec cette mise en couleurs directs typique, par Hermann. Mais ça, on l’a déjà dit.
(Récit complet – Le Lombard)