ALBUM. Comme beaucoup de groupes du genre, Superchunk a vu sa musique se faire de plus en plus mélodique au fil du temps. Et leur indie-rock est désormais bien plus pop que punk. L’élection de Trump avait bien changé temporairement la donne : le groupe avait eu envie de se remettre à composer plus rapidement qu’il ne l’avait prévu pour exprimer sa colère et What A Time To Be Alive prit une coloration punk que l’on n‘avait plus vu depuis longtemps chez Superchunk, avec des titres bien énervés comme Lost My Brain, Cloud Of Hate ou Reagan Youth. Mais ce n’était visiblement qu’une sorte de parenthèse dictée par le contexte politique… Car Wild Loneliness reprend là où on avait laissé le groupe avec I Hate Music. On retrouve en effet ici des morceaux très mélodiques aux refrains pop et catchy, avec ici ou là un solo de guitare (c’est un peu la marque de fabrique des américains). La comparaison avec The Get Up Kids est inévitable.
Superchunk, Covid oblige, a composé et enregistré à distance (comme le « loneliness » du titre l’indique…) et en a aussi profité pour soigner les arrangements. En plus des nombreux invités (Blake et McGinley de Teenage Fanclub ; Mike Mills de R.E.M. ou encore Sharon Van Etten), on trouve ainsi des cuivres sur Highly Suspect, un piano sur On The Floor, plus surprenant encore un saxo sur Wild Loneliness et des cordes sur la ballade City Of The Dead ou This Night. Et pas mal de guitare acoustique. Bien sûr on aurait aimé davantage de morceaux (c’est le seul…) de la trempe du plus enlevé et punk Refracting mais il faut avouer que c’est vraiment bien fichu, le savoir-faire du groupe en matière de composition n’étant plus à démontrer. Et on se laisse, du coup, régulièrement « avoir » par le côté accrocheur des titres : par la jolie guitare acoustique en arpèges de Wild Loneliness, le chant plus fragile/sensible de Set It Aside ou le refrain imparable de Connection. Probablement parce que c’est le genre d’albums dont on a besoin en ce moment…
(Merge Records)