On avait jusque là suivi ce groupe d’assez loin, écoutant un morceau par-ci ou lisant une chronique dithyrambique par-là. De trop loin ! Car Hold/Still, la grosse claque de ces dernières semaines, place clairement Suuns parmi les groupes les plus excitants du moment. Peu de formations donnent en effet l’impression, comme ces canadiens, de s’aventurer sur de nouveaux territoires sonores et d’oser aller vers l’inconnu. C’est ce qui fait de leur troisième album (sans compter leur collaboration avec Jerusalem in my Heart) un objet précieux. Excellent de bout en bout, Hold/Still ne s’impose aucune limite, érigeant l‘expérimentation et la trituration de sons en principe absolu. Les morceaux, au tempo souvent lent ou mid-tempo (à part sur Translate, single et tube incontestable de l’album, au petit côté Battles) mêlent beats et bidouillages électro, synthés tantôt intrigants tantôt menaçants, batterie souvent discrète, parfois jazzy (quand elle n’utilise que cymbales et charleston), grigris de guitare ou arpèges ici ou là pour créer de petites pièces répétitives, hypnotiques et émouvantes. Le tout magnifié par le chant fragile susurré, souvent passé par le filtre d’effets, de Ben Shemie. Le résultat est incroyablement envoûtant et personnel. On va encore attendre un petit peu pour crier au génie mais avec des morceaux comme Instrument, Un-no, Resistance ou le déjà cité Translate, aussi réussis qu’inclassables, on n’en est vraiment pas loin !
(Album – Secretly Canadian)