BD. Arzhur a été chevalier mais il n’est plus digne de porter ce titre depuis qu’il a commis une grosse faute. Seul son écuyer Youenn est alors resté à ses côtés. Depuis, il offre les services de son épée à ceux qui ont de quoi le payer et dépense l’argent gagné à boire…Alors quand ces trois vieilles femmes lui proposent de l’or pour aller délivrer une princesse afin de la remettre à son père, Arzhur y voit le moyen de laver son honneur. Arrivé au château noir, il parvient à tuer toutes les bêtes qui le protègent pour se frayer un chemin jusqu’à la princesse. Mais au lieu d’être heureuse et reconnaissante, la jeune Islen rentre dans une colère noire…
C’est la magie de la bande dessinée : alors qu’Hubert est mort l’an dernier, ses derniers scénarios continuent de sortir, avec une saveur forcément particulière. Ainsi, après Première Née, qui devrait a priori être le dernier épisode de Les Ogres Dieux, l’une des meilleures séries de ces dernières années, c’est au tour du livre premier du diptyque Ténébreuse de voir le jour dans la toujours excitante collection Aire libre de Dupuis. Un récit d’heroic fantasy façon Hubert, c’est-à-dire sensible et humaniste. Qui, au milieu de la magie noire, des reines à queue de serpent (la mère d’Islen…), de l’honneur des chevaliers et des royaumes à sauvegarder, questionne le poids de l’héritage familial et le carcan des conventions. Car le regard que portaient les autres (ils ne voyaient en elle que la progéniture de sa mère…) sur Islen l’a obligée à s’exiler et lui a fait intégrer l’idée qu’elle serait forcément comme elle : une sorcière qui porte le mal en elle, dangereuse pour l’Homme…
Une thématique centrale (on notera aussi le soutien apporté à la cause animale) parfaitement portée par la narration, fluide et agréable, d’Hubert et le dessin de Mallié, ici parfait. Il faut dire qu’entre Le Grand Mort et les épisodes de La Quête de l’Oiseau du temps qu’il a réalisés, le dessinateur a acquis une solide expérience en matière d’heroic fantasy. Son trait est juste et expressif, et surtout plein de vie, le découpage dynamique et les scènes où le merveilleux apparaît flippante et captivante à la fois. Bref, de la très belle ouvrage !
(Diptyque, 80 pages pour ce livre premier – Aire libre/Dupuis)