BD. La mise en place (copieuse, 136 pages tout de même…) de cette nouvelle série de Brugeas et Toulhoat était particulièrement prometteuse. Sa suite est encore meilleure ! Les auteurs avaient bien sûr pris soin de laisser quelques zones d’ombre dans le scénario de Tête de chien. Et les secrets entourant Josselin, Jehan mais aussi Lancelin, le fameux chevalier noirci, avaient été bien préservés. Dans ce second livre, les liens entre les trois chevaliers se renforcent dans l’adversité. Les trois combattants ne se sont en effet pas faits que des amis au cours des tournois auxquels ils ont pris part. Gaucher, le fils du comte de Joigny, qui a perdu beaucoup d’argent dans des paris à cause d’eux, leur en veut, par exemple, à mort. Et ils n’auront d’autre choix que de se serrer les coudes pour s’en sortir. Et devront se livrer, aussi, à leurs camarades. C’est sur Josselin (sa présence sur la couverture l’annonçait…) que l‘on en apprend davantage ici avec l’apparition surprise de son frère Thibaut au cours d’un tournoi. On découvre ainsi grâce à son aîné pourquoi il est parti de chez lui ou quelles relations il entretient avec son père et ses frères. Quant à Jehan, elle a réussi à cacher, pour l‘instant, qu’elle est une femme. Et heureusement car sinon elle serait probablement brûlée vive sur un bucher comme sorcière. Quant à Lancelin, s’il a dévoilé son prénom, il n’en confie pour l’instant pas beaucoup plus à ses nouveaux amis…
Cette série qui nous plonge dans le monde de la chevalerie et des tournois est une petite merveille. Très documentée, elle nous fait découvrir les coulisses, pas vraiment glorieuses, de ce petit monde. Jalousie, coups bas, appât du gain, paris truqués mais aussi amitié et droiture chez certains : Brugeas dévoile cet envers du décor de façon captivante, trouvant le juste équilibre entre combats, très spectaculaires (Toulhoat, son compère, s’y entend pour les mettre en scène avec réalisme et beaucoup de dynamisme, notamment grâce à des “effets spéciaux”, pourtant complètement traditionnels, très réussis et à un découpage inventif), intrigues (dans ce livre 2, un guet-apens pour tuer la femme du comte semble avoir été organisé…) et intérêt pour la psychologie des personnages. Et bien sûr, en filigrane, ce message que rien (ni le genre ni la condition sociale ni les traditions…) ne devrait pouvoir empêcher chacun de suivre ses aspirations. Une série vraiment enthousiasmante !
(Série, 136 pages pour ce livre 2 – Dargaud)