ALBUM. Pas vraiment préparés au succès planétaire, les Breeders ont eu bien du mal à encaisser tout ce qui entoura Last Splash. Pourtant très recommandable, leur plus gros succès, sorti en 1993, leur a paradoxalement en même temps collé une étiquette de groupe à succès, très MTV friendly, dont la bande à Kim Deal a eu du mal à se débarrasser ensuite. Il faut dire que Cannonball, LE tube de l’album, passait en boucle sur la chaîne américaine et le morceau a été joué par les radios du monde entier. Et a aussi fait, finalement, exploser le groupe. Problèmes de drogue pour Kelley, volonté de prendre leurs distances pour McPherson et Wigg… Kim Deal s’est rapidement retrouvée seule à bord du bateau Breeders. Mais dans la tourmente l’ex-bassiste des Pixies est parvenue à garder le cap, après quelques hésitations, plusieurs tentatives de retour chez les Pixies et un album sorti avec The Amps, entre autres. Et ceux qui ont pris la peine de suivre ce qu’a fait le groupe par la suite savent qu’il n’a jamais sorti de mauvais albums et ce malgré les fréquents changements de line up. Au contraire, de l’inaugural Pod à Title TK en passant par Mountain Battles (sorti il y a 10 ans déjà!), sa musique, un indie-rock très personnel, s’est souvent montrée inspirée. Mais la grande nouvelle, c’est que McPherson et Wigg ont fait leur retour dans le line up! Et ce petit nouveau, All Nerve, s’en trouve galvanisé… Bénéficiant d’un son idoine, sec et sans fioritures, signé Albini et Montgomery, ce nouvel album possède un paquet de tubes indés. Du plus tendu et menaçant Megagoth (qui voit Wigg se mettre au chant et à la guitare tandis que Kim Deal passe à la basse pour l’occasion) au touchant All Nerve en passant par le nerveux Nervous Mary qui ouvre idéalement les hostilités ou Howl At The Summit, pour ne citer que mes titres préférés, ce All Nerve est un grand cru sur lequel on retrouve ce qui fait la singularité des Breeders: le jeu de guitares très complice des 2 sœurs Deal, le chant charismatique, reconnaissable entre 1000, de Kim et ce mélange de délicatesse et de fragilité pop et de tension, présente en arrière plan et prête à surgir à tout instant. Tiens, un dernier truc que j’ai appris récemment: « the breeders » est en fait une expression utilisée par les homosexuels américains pour désigner les hétérosexuels, que l’on peut traduire par « les éleveurs » en français…
(4AD)