Etrange destin que celui de “The Crow” ! Publié en 1989 par Calliber Press, il a été adapté en série tv puis au cinéma (par Alex Proyas) en 1994 pour finalement devenir une sorte de roman graphique culte pour certains. Sans que l’on puisse vraiment l’expliquer par ses qualités graphiques ou narratives… Est-ce dû alors à son thème romantique noir de l’amour au-delà de la mort qui parle certainement aux adolescents à tendance gothique ? Au fait qu’O’Barr ait voulu exorciser ses démons (plus précisément sa culpabilité puisque la petite amie de l’auteur a bel et bien été tuée par un chauffard ivre alors qu’elle était en chemin pour aller le chercher à sa demande car celui-ci n’avait pas payé son assurance et ne pouvait donc conduire lui-même) ? Ou à la mort accidentelle de l’acteur Brandon Lee, dans des conditions bizarres, sur le tournage de son adaptation au cinéma qui a nourri la mythologie du récit et a fini de lui donner son aura mystérieuse ? En tout cas, le résultat est là avec maintenant la parution de cette édition “définitive” (voulue dés le départ par l’auteur mais impossible à réaliser à l’époque pour des raisons techniques).
Pourtant, comme je l’ai laissé sous-entendre un peu plus haut, le récit n’a vraiment rien d’exceptionnel. Même s’il est difficile de porter un jugement objectif -le récit a tout de même été écrit il y a plus de 30 ans et n’a pas très bien vieilli- on ne peut que constater la faiblesse de l’intrigue, qui alterne scènes violentes –un amoureux tué en compagnie de sa fiancée par des voyous sans foi ni loi revient d’entre les morts, guidé par un corbeau (d’où le titre), pour se venger- et passages mièvres –car le justicier au look de joker gothique se souvient, entre 2 exécutions, des bons moments passés avec sa bien-aimée. Et côté dessin, c’est souvent approximatif et même parfois d’une grande naïveté (dans les flash-back), O’Barr réalisant là sa toute première œuvre ! Bref, rien ne prédestinait “The Crow” à se démarquer de la production habituelle de comics américains. Il a néanmoins trouvé son public. Comme quoi…
(Récit complet – Delcourt)