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THE GROCERY tome 1 (Ducoudray/Singelin)

Baltimore, de nos jours. Les destins de différents personnages vont se croiser. Ceux de Sixteen et sa bande, qui tiennent un « corner » pour le compte de Lefty et Mushroom. Ils y dealent tout ce qui peut se trouver pour se défoncer. D’Elliott, écolier sérieux dont le père vient de racheter une épicerie, une « grocery », dans le coin. De Washington, marine en Irak qui découvre, de retour au pays, que sa maison a été vendue par sa banque et sa grand-mère placée en maison de retraite. Ou d’Ellis One, caïd qui a survécu à la chaise électrique et qui revient pour faire le ménage dans les rues de sa ville…

L’idée de départ de cette nouvelle série -brosser un portrait sans concessions, façon The Wire (excellente série tv, très réaliste et bluffante de vérité), de l’Amérique des laissés pour compte de la crise des subprimes et de 10 ans d’administration Bush- avait de quoi séduire. D’autant que Ducoudray (dont avait bien aimé le précédent récit « La faute aux chinois », avec Ravard au dessin, chez Futuropolis) et Singelin, pour se démarquer des autres récits et films (relativement nombreux tout de même) sur les gangs, ont pris le parti, intéressant, de jouer le décalage entre aspect visuel et crudité du propos en optant pour un dessin enfantin et animalier, un peu façon Trondheim.

Malheureusement, ce premier tome a du mal à convaincre. Car pour montrer l’omniprésence de la violence, à tous les niveaux (que ce soit dans la rue, la politique étrangère, la justice – avec la peine de mort- ou le système économique, sans pitié avec ceux qui n’ont plus les moyens de payer), dans la société américaine, Ducoudray a choisi d’allégrement forcer sur le trait en décrivant un pays littéralement en plein chaos. Guérilla urbaine dans les quartiers malfamés, condamné à mort qui survit à plusieurs décharges électriques sur sa chaise, agents du service de recouvrement d’une banque qui utilisent des méthodes de torture dignes des prisons irakiennes ou de Guantanamo contre les clients récalcitrants : on a beau être dans la caricature symbolique, cette surenchère finit par lasser et la dénonciation n’a, finalement, pas l’effet escompté. Dommage.

(Série – Ankama)

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