ALBUM. Les belges de The Guru Guru ont toujours été des sales gosses qui n’en font qu’à leur tête. Mais depuis Pchew, leur premier album, le groupe a tout de même appris à moins se disperser et à être un tantinet plus posé. Attention, on n’a pas dit “sage” non plus car le groupe garde un côté imprévisible (en atteste la balade folk-rock dépouillée Oh, me (I can’t complain)) indéniable. Et c‘est tant mieux ! Car c’est aussi cela que l’on aime chez The Guru Guru. Cette capacité à surprendre, à sortir des sentiers battus en mélangeant les plaisirs (on passe régulièrement du léger au touchant en passant par l’épique comme sur Joke’s on You (under over) qui clôt l’album ou le très bon Not Awake (the baseballs) et sa structure en miroir) et les genres, parfois au sein d’un même morceau, dans des breaks que l’on n’a pas vu venir. En plus de leur humour, bien sûr (les mecs ne sont pas belges pour rien), une nouvelle fois très présent sur Make (less) Babies (ce titre…). Avec ces jeux de mots dans les titres (Lemon-aid, Lemon-cello). Ou l’ironie, que l’on retrouve par exemple sur Saint-Tropez : un morceau mid-tempo à la musique mélancolique et touchante qui nous tirerait presque des larmes s’il n’y avait ce décalage total avec les paroles (le narrateur nous explique qu’ils vont devoir vendre leur maison à Saint-Tropez car ils ont des factures à payer…). Du Guru Guru dans le texte. Et on ne parle bien sûr que de la partie immergée de l’iceberg car il doit y avoir ici un paquet de private jokes qui nous passent loin au-dessus de la tête. Voilà donc ce qui vous attend avec ces 10 nouveaux titres d’”indie-rock” (guillemets de rigueur évidemment car leur musique n’hésite pas à frayer avec la noise, la pop, la folk ou le hardcore), emmenés comme à l’accoutumée par une basse intenable, tout aussi insaisissable finalement que Tom, le chanteur, capable d’à peu près tout et qui s’avèrent très bons. Ceux qui nous parlent plus spontanément sont probablement Saint-Tropez parce que c’est l’un des singles et qu’on l’a, du coup, déjà écouté bon nombre de fois ; le torturé Lotta Tension qui culmine en refrain imparable ou encore le sautillant Not Awake, dont on a déjà parlé) mais Make (less) Babies se montre vraiment solide dans sa globalité et homogène dans la qualité. Une belle confirmation. On n’attend plus qu’une chose désormais : voir le groupe sur scène !
(A Tant Rêver du Roi)