BD. Geof Darrow n’est pas le plus connu des auteurs américains. Pourtant, il habite en France et, surtout, a travaillé, et mieux, a été adoubé, par les meilleurs. Moebius avec qui il a réalisé sa première œuvre, La Cité Feu. Frank Miller avec qui il a signé le fameux Hardboiled (que Futuropolis rééditera d’ailleurs en 2021). Ou les frères Wachowski avec lesquels il a collaboré pour leur trilogie Matrix. Mais il a sorti peu de livres. 2 en solo. Bourbon Thret, il y a déjà quelque temps, chez Delcourt. Et The Shaolin Cowboy, resté inachevé en France puisque seuls les 2 premiers volumes avaient paru, et encore chez 2 éditeurs différents. Alain David, qui connaît Geof Darrow de longue date, lui a donc proposé de ressortir ces 2 premiers tomes (le second tome est déjà arrivé en librairie cette semaine !) chez Futuropolis avant de clore cette série inclassable dans quelques mois. Un récit que l’auteur a créé « par amour du western, des films de kung-fu, des films japonais de samouraï et de monstres, et du dessin ». D’où le héros qui donne son titre au récit. Un cow-boy asiate qui aimerait traverser le désert de l’ouest américain tranquillement sur son mulet à casquette mais qui ne cesse d’être importuné (« pourchassé » serait plus juste) par des ennemis vengeurs : Thomas Filet, un français d’origine suisse mais aussi un crabe royal (le shaolin cowboy a mangé ses 2 parents et sa fiancée dans un restaurant quelques mois auparavant…) ou un démon zombie dont la tête est portée par un oiseau. Alors notre héros doit se défendre : il coupe, éventre, décapite avec son sabre et passe parfois à la Winchester pour varier les plaisirs, laissant derrière lui des rivières d’hémoglobine et des amoncellements de cadavres. Voilà pour le scénario, sommes toutes assez mince, qui vaut surtout pour son côté complètement délirant car on n’a pas encore parlé des commentaires, souvent ironiques, du mulet (qui est du genre bavard) tandis que son maître est en pleine action, des nombreux jeux de mots, pas piqués des vers, qui jalonnent les dialogues, souvent jouissifs ou du bébé (si si !) que le shaolin cowboy rencontre en chemin. Et côté graphique, le récit est tout simplement éblouissant. Le dessin est impressionnant de justesse technique et de mouvement. Et quelle attention portée aux détails. Rien ne manque, pas même les petits points sur les pansements qui ornent les visages de ceux passés entre les mains du cowboy ! Quant à l’inventivité de Geof Darrow dans le découpage, elle est juste incroyable, débouchant sur des scènes de combat (de véritables chorégraphies!), des plans séquence de parfois plus de 20 pages, aussi spectaculaires que loufoques. Rien que pour cela, The Shaolin Cowboy vaut le détour. D’autant que l’édition, un très grand format au beau papier épais, met ce travail superbement en valeur. Une belle occasion de (re)découvrir ce récit assez unique en son genre !
(Trilogie, 200 pages pour ce volume 1 – Futuropolis)