ALBUM. Le premier album de The Smile avait fait figure de belle surprise. D’échappée belle pour trois musiciens qui avaient envie d’une nouvelle aire de jeu, qui les libérerait des attentes qui pouvaient entourer, pour Thom Yorke et Jonny Greenwood, Radiohead, leur groupe quasiment devenu culte. Réfugié derrière le sobriquet de The Smile (un nom qui en dit long…), le trio avait accouché de A Light For Attracting Attention, un album envoutant, chargé en mélancolie et en désenchantement. Le groupe revient avec Wall Of Eyes, qui contient presque moitié moins de titres (on en dénombre seulement 8 cette fois) mais se montre, en même temps, plus libre et audacieux. Notamment dans la construction des morceaux (certains flirtent avec les 7-8 minutes) et son envie d’éclectisme. Une suite clairement dans la lignée de son prédécesseur mais qui pousse plus loin ses idées aventureuses. Si les titres commencent souvent sur un tempo tranquille, ensuite tout semble en effet possible ou presque. A l’image de Wall Of Eyes qui ouvre l’album : une ballade folk toute simple (pourtant la magie opère, notamment grâce au chant fragile et toujours aussi touchant de Yorke…) menée par une guitare rythmique acoustique et un riff de batterie minimaliste rejoints par des cordes mi-planantes mi-menaçantes à mi-chemin pour finir de façon assez psychédélique. Ou encore le plus rock Read The Room, influencé par la no-wave et le rock progressif, avec cette guitare dissonante présente dès l‘intro qui amène une tension bienvenue à l’album, qui part dans un second temps dans une digression mêlant mélodie et dissonance à la façon d’un Sonic Youth. Bref, The Smile garde son côté accessible tout en se permettant davantage d’expérimentation, à l’image du jeu de guitare de Greenwood, ici souvent inspiré. Et cela fonctionne bien car à part I Quit et You Know Me !, un ton en dessous, les 6 autres morceaux, souvent inventifs, retiennent l’attention voire enthousiasment, comme les déjà nommés Read The Room et Wall Of Eyes mais aussi Under Our Pillows, qui pourrait être tiré d’une session de composition de Radiohead ou encore Friend Of A Friend, sorte de morceau de brit-pop (on pense aux Beatles dans la première partie) revisité façon The Smile.
On aurait pu croire que A Light For Attacting Attention n’était qu’un one shot, un besoin momentané de récréation (et recréation) musicale pour les trois musiciens. La sortie de Wall Of Eyes prouve, au contraire, que la parenthèse va durer. Une bonne nouvelle tant le trio semble à l’aise dans The Smile!
(XL Recordings)