ALBUM. Pochette montrant le visage (dont les différentes parties, tout un symbole, sont morcelées, un peu façon puzzle) de Luis Vasquez en gros plan, album (intitulé Criminal…) de nouveau enregistré, mixé et produit avec Maurizio Baggio en Italie: The Soft Moon reprend ici l’introspection douloureuse là où il l’avait laissée à la fin de son prédécesseur, le déjà très bon Deeper. Mal-être, culpabilité, spleen: Vasquez explore de nouveau ce qu’il a vécu dans sa jeunesse passée dans le désert de Mojave pour comprendre pourquoi il n’arrive pas à avancer et ressent cette difficulté à vivre. Pour régler ses comptes avec ceux qui lui ont fait du mal (notamment son père qu’il n’a jamais connu car il l’a abandonné, sujet qu’il aborde sur Like a Father) aussi, pour, peut-être, aller mieux…Les paroles, vous vous en doutez, sont dures et sombres et virent souvent à l’autoflagellation. Sur le très enlevé Burn, superbe morceau qui ouvre l’album, il chante, par exemple, “I get the feeling it’s the end and it burns. I am the stranger living in my skin and it burns”. Et sur Pain, s’adressant à sa petite amie: “How can you love someone like me ?” Côté musique ce n’est bien sûr pas plus gai puisqu’on retrouve ce post-punk agressif et torturé, terriblement habité. Avec, comme sur Deeper, des influences cold wave (The Pain), indus (Criminal ou Choke), ou electro/techno (Like a Father ou Ill) qui se font davantage sentir suivant les morceaux. Difficile de ne pas être remué par cette catharsis violente, qui suscite souvent le malaise, faite de boîtes à rythmes primaires et répétitives, de guitares désenchantées, de lignes de basse lourdes et de synthés névrosés. On regrettera presque le jour où Luis Vasquez ne sera plus dépressif…
(Sacred Bones)