C’est peu de dire que l’on avait apprécié « Paint Lines On Your Glasses » (déjà sorti sur Minority records en 2006), son indie-rock ouvragé mâtiné ici ou là de math-rock ou de noise, fait d’arpèges élégants pouvant subitement sortir de leurs gonds et devenir presque fous, de chant susurré à la Girls Against Boys, de structures de morceaux ouvertes et libres, de mélodies délicates finement ciselées, de changements de rythme sans préavis et d’un petit côté jazzy qui les rapprochaient de l’univers de Jeff Müller et ses différents projets : Rodan, June Of 44 ou Shipping News.
Et bien on retrouve tout cela ou presque sur « On Tariffs And Discovery ». Presque car le trio ne semble pas prêt à appliquer des recettes, quand bien même cela leur avait pris du temps pour les mettre au point. Et c’est tant mieux. The Tall Ships, les grands voiliers, ont donc décidé de franchement larguer les amarres cette fois et d’imposer encore un peu plus leur personnalité, en incorporant par exemple de la guitare acoustique sur bon nombre de titres (comme sur « Destroy A Village ») et même du piano (« Freight Train Riders Of America ») ou en variant davantage le chant qu’auparavant.
Du délicat « Call Confessions » au tube indé en puissance « Oh Pioneers » et son riff de guitare entêtant en passant par le touchant « D For Dogs », le groupe fait, avec cet album plus ramassé (34 minutes) et apaisé, une nouvelle fois la preuve de son talent pour allier mélodie et inventivité, sensibilité et coups de sang. Du grand art !
(Album – minority records)