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THERAPIE DE GROUPE 1. L’étoile qui danse (Larcenet)

BD. Des lecteurs peu attentifs pourraient penser que Manu Larcenet a pris son temps après Le Rapport Brodeck (les 2 tomes sont parus en 2015 et 2016, rappelons-le) pour se mettre au travail sur un autre « grand » projet. Ce serait oublier qu’entre temps, il a collaboré avec Eric Salch sur Les Branleurs, sorti Tattoo Flash (tous deux aux éditions Les Rêveurs) et réalisé un nouveau Retour à la Terre avec Ferri. Une période qui lui a aussi permis d’expérimenter d’autres voies et notamment la palette graphique ! Probablement parce qu’après le diptyque du Rapport Brodeck et son dessin (magnifique!) d’une précision incroyable, proche de la gravure, l’auteur a eu besoin d’un autre défi, d’une autre motivation pour continuer. On retrouve donc ce dessin avec Thérapie de Groupe qui voit Larcenet continuer (après les 3 livres cités plus haut) dans la comédie tout en cherchant l’idée du siècle. Car dans cette nouvelle série, l’auteur se met en scène en pleine panne d’inspiration, le fameux « trou noir sur la page blanche ». Larcenet, après avoir révolutionné le monde de l’Art et obtenu le Nobel de littérature, est en effet un artiste fini. Essoré, déprimé, au trente sixième dessous. Plus le moindre début de bribe de bonne idée ne lui vient. Il n’a plus que des idées de merde, comme Le Boucher de Bourg la reine, une histoire de boucher serial killer qui découpe des femmes…Pourtant Cézanne (qui lui donne une leçon, en même temps qu’une volée, au passage), de Vinci, des psychotropes, Nietzsche, les muses ou les premiers artistes de la Préhistoire viennent à son chevet artistique mais rien n’y fait : Larcenet n’arrive pas à enfanter l’étoile qui danse à partir de son chaos intérieur…

Un récit d’auto-fiction vraiment bien vu, qui déborde d’autodérision et de délires et qui permet à Larcenet de parler de création, de son « statut » d’artiste (dans sa famille ou son village), de rendre hommage à des artistes qui ont marqué l’Histoire de l’Art tout en s’offrant des possibilités cathartiques quasi-infinies. Le tout en s’amusant, bien sûr. Beaucoup, visiblement. L’auteur jouant ici avec son image d’artiste dépressif qui fume des joints et mêlant genres et traitements graphiques différents à la façon d’un Chris Ware dans The Smartest Kid on Earth : ainsi trouve-t-on ici un hommage aux Peanuts de Schulz, une série « conceptuelle », Jean-Jacques et Bruno, des personnages façon tatouages comme dans son précédent livre Tattoo Flash ou même un manga, mais oui !, de quelques cases!

Malgré tout, on n’en a jamais fait mystère, des 2 facettes de Larcenet on préfère la seconde, plus sombre et grave, qui a abouti à 3 chef-d’œuvre jusqu’ici : Le Combat Ordinaire, Blast et Le Rapport Brodeck. Mais on doit avouer avoir pris beaucoup de plaisir avec L’étoile qui danse, récit aussi drôle que malin (Larcenet est quand même parti pour faire une série sur la panne d’inspiration…). Et de toutes les façons, contrairement à ce qu’il dit dans ce premier tome de Thérapie de Groupe, les idées du siècle, on n’en a pas tous les 3 mois…

(Série, 56 pages pour ce tome – Dargaud)

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