Nîmes, 2014, capitale du Texas français, autrefois qualifiée de ville mortifiante et qui a retrouvé depuis 2 ans une dynamique que beaucoup maintenant nous envient. En ce mois de mai, La Smac de Nîmes (Paloma) est le théâtre de la seconde édition du festival This Is Not A Love Song, TINALS pour les intimes. Ce festival est une collaboration entre Paloma la graaaande et L’asso Come On People, les petits. La première édition était un enchainement maladroit de bons concerts entre la grande salle (1350 personnes) et le club (400 personnes) avec entre les deux, un patio avec bar tellement accueillant que tu en oublierais presque d’aller voir tes groupes préférés. La promesse de la seconde édition était de revoir la copie et de faire les choses en grand quitte à aller jusqu’à Austin (l’autre Texas) pour aller y chercher des bonnes idées. Grand bien leur a pris. La promesse fut tenue. Du coup, trois scènes dont une extérieure dans un espace aride aménagé de tentes Touaregs branchouilles aux mobiliers fabriqués à base de palettes agrémentées de jolies fleurs, d’un grand bar panoramique fait mains avec du bois dépecé et encore des palettes. Tout cela pour accueillir les stands qui allaient faire les animations de ces 3 jours. Le leitmotiv de ce festival sera « having fun » et « DIY bobo ». Comprenez par DIY, que les gens font eux-mêmes les choses (des badges, des couronnes de fleurs, assemblage de vin, atelier massage, mur d’expression, sérigraphie etc… et des choses moins évidentes à faire soi-même comme coiffeur 50’s/60’s, « conférence rock et amour », disquaires locaux etc. etc. etc.). Et c’est de l’un de ces point de vue que je vais faire ce report car moi-même j’assurais l’atelier sérigraphie papier. Du coup je n’ai pas tout vu et pour les trous référez-vous à Villette Sonique et autre Primavera puisqu’il n’y a pas de mystère, c’est sur la route de l’aller ou du retour que beaucoup de ces groupes sont arrivés à Nîmes. Cet extérieur fut une vraie réussite : accueillant, une invitation au chill intensif sur du bon son. Les deux salles ne sont pas en restes mais ce n’est pas pareil. Bref. C’est donc de mon stand très intelligemment situé en face de la scène extérieure que je vais vous compter les concerts que j’ai pu voir.
TEMPLES et leur rock spyché d’ado à moumouth furent grands. Des tubes et des tubes imparables et…Zzzz (désolé le rock psyché au bout d’un moment ça a cet effet là sur moi.). Comme par hasard, le set de MAN OR ASTRO-MAN ? tomba en plein sur ma pause. Le seul groupe que je n’aurais pas supporté de louper joua dans la grande salle et y a pas moyen. Avec le son de la grande salle, ce fut la classe intégrale. La guitariste est belle, envoie du bois, ça joue les tubes et le dernier album, terminent en apothéose bruitiste. Rien à redire, quand vous voulez vous revenez. Un grand big up à toute l’équipe technique qui a baby-sitté les sondiés étrangers qui ne connaissaient pas les tables derniers cris de Paloma et qui ont assuré des changements de plateaux de dingue, en 15 minutes pour certains. À ce niveau là également le festival fut une réussite. Sans intermittents, pas de festival, tu piges ?! V’là l’heure de l’apéro (sacré) au bar VIP à base de sangria blanche et de champagne et arrêt au stand bbq. Bon, pour une fois que je ne suis pas obligé de pirater un pass pour faire parti de la jet set, j’étais un peu déçu. Je pensais que les mondanités allaient être un peu plus décadentes. Non, le mot d’ordre est C-H-I-L-L donc « molo sur le destroy ». Je dis que j’étais déçu mais le fond sonore était Monsieur « j’ai écrit les meilleurs morceaux de Sonic Youth » as LEE RANALDO. C’était donc du miel. Donc je récapitule : sangria, champagne, bière et miel. Mon foie est au top, on continue. Petit tour aux stands, tout le monde est souriant (ou ivre, qui sait), ça glande sévère dans le public affalé dans la poussière. On est bon.
Il est l’heure, le stand est fermé et rangé, il est temps de se la coller et d’aller voir THE FALL. Ils ont fait la surprise à l’équipe technique de la scène extérieure d’arriver avec deux batteries. L’information s’est sans doute égarée au bar VIP. Bref, ils assurent et voici The Fall avec leurs batteries et leurs zicos qui font des gueules de 4 mètres de long. Ils sont au turbin et leur boss est un boulet. Ca fuse dans les talkies pour savoir comment déloger l’aut’ boloss de sa loge pour qu’il vienne assurer son concert. Le voici, enfin. Bourré. Les paroles à la main. Derrière ça joue grave, lui, baragouine mais quand arrivent les tubes, c’est juste une boucherie post-punk. Il a fait chier ses zicos sans surprise et surtout exactement de la même façon qu’à Villette Sonique. Pitié. Quand il a posé ses paluches sur le clavier, elle a pris son sac prête à tailler. Elle est restée et lui s’est rabattu sur le guitariste, puis sur la caisse clair du second batteur (aaaah c’est pour ça la seconde batterie…) qui soit dit en passant, n’en a pas mis beaucoup dedans. C’est l’intention qui compte. Clameur dans la foule, il se passe quelque chose d’immanquable dans la grande salle maintenant ! La flemme de regarder le programme, je fais le mec pas d’ici et je suis. THE fucking BRIAN JONESTOWN MASSACRE joue. Putain ce que ça m’a fait chier !! Un son ample mais d’un mou… Je m’attendais à de la décadence, pfff, quand c’est le mec au tambourin qui fait le show alors qu’il y a 4 guitares sur scène, tu te dis qu’il y a un truc qui cloche. Je me casse au bar discuter avec les copaings. Ils règnent ici et là une ambiance vraiment agréable. Je réapparais en tant que public pour JON SPENCER qui, malgré ce que l’on dit de lui est quand même le gros con qui a refusé de la façon la plus moche qui soit que je vende l’affiche que j’avais sérigraphié lors de leur passage l’année dernière. Bref, ce fut la guerre. Un set haute tension, presque sans temps morts, électrique as fuck. Ils ont dû se dire, on est en tête d’affiche, allez, on avoine. Ce fut le cas. Dans tous les sens, à l’endroit, à l’envers, où sont les morceaux, où sont les impros, où sont mes oreilles ?… Vous l’aurez compris, on est bien et à part pour quelques acharnés, c’est dur de tout voir et de ne pas rester à discuter avec des gens qui viennent d’absolument partout. On rentre comme on peut et nous voici vendredi.
Pour des raisons liées à la sérigraphie et aux conditions climatiques, je n’arrive qu’à 16h. COURTNEY BARNETT monte sur scène et c’est bien plaisant, nous revoici dans le cœur du poulet en mode hippie. Bref, c’est au tour de SUPERCHUNK et si j’avais su faire su skater, je crois que je serais aller expier la bière de la veille en suant sur le parking. C’était fun, c’était frais comme un Pac à l’eau (sirop de citron fabriqué en provence), des tubes en veux-tu en voilà. Juste parfait pour une mise en jambe. FINDLAY attaque avec rock indé plus méga original mais assurée par ce petit brin de femme à la voie toute aussi charmante et aux riffs bien envoyés. On leur pardonnera leur reprise absolument pas originale d’I wanna be your dog. Eh meuf ! T’es folle ! On est dans le sud ! Tu ne chantes pas des trucs comme ça à l’heure de l’apéro ! Ca va, le public se tient bien et leur set laissera dans les feuilles de tout le monde un bon souvenir et le refrain d’Iggy me restera dans la tronche jusqu’au prochain groupe qui sera NEUTRAL MILK HOTEL. Alors bon, je reviendrai quand le son sera fait parce que le oud ou la basse, je ne sais plus, à l’archet, ce n’est pas encore ça. Dire que ça remplit des stades chez les ricains, je ne comprends pas. Le trip Mormon non plus. Bref, Ils ont l’air néanmoins sympathiques et souriants. Ze groupe de hip-hop du festival en la personne de EARL SWEATSHIRT monte sur scène. Le rappeur qui a fait une vidéo méga destroy avec ces pôtes du collectif Odd Future en mode défonce ultra dégueue et qui s’est retrouvé en pension à l’autre bout du pays parce que maman est tombée sur la vidéo sur la toile. Mon pote, t’as intérêt d’assurer pour gommer la r’chouma qui flotte au dessus de toi. Eh ben non, ça commençait bien mais les cuts de fin morceau étaient brutaux, à la limite du maladroit, même pas un « pull up » pour la forme. Lui, avait franchement l’air de s’ennuyer, du coup, nous aussi. Dommage. AAAAAAAAAH ! Cat Power commence !!! (à lire avec une voie d’hystéro hypster stridante). Effectivement, Micheline arrive sur scène, toute nue. J’entends, solo avec ses ovaires et son couteau en souffletant comme pour expulser le trop plein de trac. La voilà partie, la salle est accrochée à ses lèvres et elle nous embarque dans les tréfonds des âmes cassées. Eh ! Oh ! Molo sur le patos ! Je suis rentré dans la salle goguenard et là, j’ai commencé mon introspection en mode bilan de compétence. Alors, soit je reste devant ce spectacle magnifique de fragilité, devant une meuf qui joue de la guitare et du piano dans un corps inconfortable en faisant des petits gestes maladroits comme si l’étiquette de son nouveau chandail la grattait, soit je fuis en courant pour retrouver mes petits bobos ivres mais tellement chatons. Je me casse à contre-cœur mais je veux rester gai. Arrêt au club pour JUNGLE mais comme les Beegees 2.0 c’est pas ma came, je fuis au stand pour le début des BLACK LIPS. Ah ! Tiens à part le bassiste ils ont l’air moins défoncés que d’hab. Mouaip, ils chantent comme des casseroles, pas aidés par le son des voies en extérieur et ne sont bons que lorsqu’ils entament leur chorale de collégiens. Malgré tout, les tubes de l’avant dernier et du dernier (soit pas beaucoup) sont là et font danser la foule. Ils sont un peu comme THE FALL, prévisibles. Ils distribuent des bières au public et tu sais qu’il y aura émeute sur « bad kids » et que le guitariste en pancho au look dégueulasse situé à droite va montrer son cul. En effet… De retour dans la grande salle pour TY SEGALL qui était déjà passé grâce à Come On People l’année dernière et qui avait assuré un show sympatoche alors que 15 minutes avant de monter sur scène, il apprenait le décès de son père. Et là ! Re-la guerre. Le son est énooooorme, les morceaux s’enchainent comme autant de tubes, même les soli je les est trouvé bons (et « dieu sait » que ça me saoule). Ils étaient tellement contents d’être là que ça a illuminé la salle, tu pouvais compter leurs dents. Excellentissime. Seul quelques happy few ont pu ensuite pénétrer dans le club pour voir HAR MAR SUPERSTAR, la sensation du moment, le Dany De Vito à la voix d’or. Du coup je me suis défrustré avec le son retransmis dans le patio mais visiblement avec l’image c’est mieux. Une sorte de caricature ultra crédible fait avec un humour féroce et des gimicks un brin too much m’a-t-on dit. Musicalement, tu connais Michael Jackson ?… N’étant pas trop electro, j’ai opté pour un repli en extérieur, exit DANIEL AVERY pour finir la soirée au bar ou dans les stands avec les copains. AH si ! WHOMADEWHO avait vraiment l’air pas mal du tout, électro dancefloor pas culcul, beaucoup de gens les attendaient et vu l’ambiance pendant le concert, ça assurait. Je pense que si j’avais été dans le mood, je serais allé guinché avec mes contemporains.
Bam, coup de baguette magique et nous voilà samedi. Toujours à mon stand, toujours de bonne humeur. HUMMINGBIRD ouvre la journée devant… pas grand monde. Dans cette prog, 3 groupes locaux et pas et moindres sont présents mais ont été collés à des moments un peu bizarres à mon goût. J’imagine qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu mais quand même. Duo donc, batterie debout avec grosse caisse en hauteur en mode percu et guitare assise pour un r’n’r sombre aux sonorités australiennes. Une voix écorchée. Pas le bon endroit et pas au bon moment donc je prends le temps de la découverte et d’apprécier mais un club enfumé avec lights de circonstance aurait mieux servi le propos je pense. Pas entendu VUNDABAR et on passe directos à RICH AUCOIN. Alors, je ne sais pas si c’était les deux jeunettes (ultra impatientes de rejoindre les premiers rangs) avec qui j’imprimais à ce moment là qui m’a donné cette impression mais je crois que j’étais trop vieux pour apprécier ce gars qui, au milieu de collages audio sans queue ni tête, balance un electro pop pour ados. Ça ne m’a touché ni l’une, ni l’autre. J’ai loupé HAROLD MARTINEZ, le roi du tremolo, autre gloire locale, autre duo batterie guitare de haute volée, autre couleur australienne, qui à ce qu’on m’a dit ont bien assuré et ont eu le show lumière qu’il leur fallait. Cool pour eux parce que je les aime vraiment ces deux gars là. Sinon, je n’en sais pas plus, désolé. Je vous invite vivement à jeter vos deux oreilles sur leurs disques. Pour être honnête, je suis passé à côté de ce samedi au niveau groupes parce que le type d’électro proposé me fatigue. Ca m’a permis de voir les Madeleine (duo de papillons de lumières qui sérigraphiaient également dans le même stand que moi) en pleine sérigraphie d’un torse imberbe, d’une paire de fesses et d’une jambe complète… Tout ce que je sais c’est que THE GLITCH MOB furent affreux (une sorte d’Eurodanse des balkans) qui en a atterré plus d’un, qu’ACID ARAB c’était bien mieux et que les MOFO PARTY PLAN (le troisième local – jeunesse tropicale/Falls première période) avaient fait le job. Re-cool.
L’épilogue sera l’after qui était sensée regrouper les équipes et bénévoles dans le club pour papoter autour d’un verre et qui fut en fait… une boîte de nuit. Je comprends, il fallait évacuer toute cette pression. Ah là ! Vu comme c’était n’imp’ ça a évacué sévère. Bref, je sors du club, il fait jour et il fait chaud, je rentre chez moi à pieds en converse et sans jambes. La plante des pieds cramées, je me dit que j’ai passé 3 putains de jours et que la descente va être dure. Ce fut le cas pour moi alors j’imagine même pas les gens de l’équipe et les bénévoles.
D’habitude, pour atteindre un tel niveau, un festival doit attendre au moins sa cinquième édition ! Là, à la seconde, on peut pinailler, ce que je ne ferai pas ici, ils ont tout déchiré. Big up à vous ! Ça va être dur de faire mieux. Merci aussi pour le prix du festival dont le pass trois jours représentait le prix d’un billet pour l’une de ces têtes d’affiches dans d’autres lieux.
P.S : Pour ceux qui voudraient passer par Nîmes (hors saison, un conseil) pour voir ce qu’il en est réellement, je vous conseille donc Paloma pour la grosse salle de concert avant gardiste plus dans la forme que dans le fond à la programmation, souvent mais pas toujours, alléchante. Le Spot (8 rue enclos Rey) et ses expos de street artistes, mais pas que (salle de concert en construction), dans un esprit associatif. Le bar à absinthe mais pas que l’Acoustik non loin de là pour sa programmation éclectique et pointue (post-punk, noise, reggae, rock en tout genre etc…). Si déjà vous mettez les pieds dans ces endroits, d’autres vous ouvriront naturellement leurs bras (demandez aux gens ils se feront un plaisir de vous les indiquer) si vous vous laissez bercer (Les évènements de La Ruche, les vernissages du ZO, le Périscope — Théâtre engagé —, les concerts du Café Olive ainsi que ceux du Bada bing…). Nisme, The place to be !!!
photos : Stéphane RIP (Hâte de voir tes tofs du Hell Fest ! Merci à toi !)