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THOREAU La vie sublime (Dan/Le Roy)

Bon, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je commence par la mauvaise ? Comme il nous l’avait confié dans l’interview que l’on a réalisée il y a quelques mois (à retrouver sur la page d’accueil), Maximilien Le Roy a bel et bien décidé de ne plus dessiner pour le moment. Il faut du coup se faire une raison : on ne reverra pas son trait sensible et humaniste pendant quelques temps (il s’est cependant occupé des couleurs de ce « Vie sublime », des aplats de vert, jaune et marron très proches du travail réalisé sur « Nietzsche »). La bonne nouvelle maintenant ? Eh bien, par conséquent, le jeune auteur va pouvoir totalement se consacrer à l’écriture et aux nombreux projets qu’il a en tête. Il semble d’ailleurs que Le Lombard ait du coup décidé de lui faire confiance sur le long terme en créant, quasiment exprès pour lui, une collection pour accueillir certains de ses travaux. Intitulée « Contre/Champ », la dite collection se propose d’approcher les trajectoires de penseurs, écrivains ou artistes iconoclastes et marquants par leurs choix de vie. Après « Nietzsche », Le Roy se penche donc cette fois sur la vie de Thoreau dans cette nouvelle biographie (dessinée par Dan, dans un registre très sobre, son trait visant avant tout à servir la lisibilité du récit).

Comme pour son livre sur le philosophe allemand, notre homme a construit son récit autour de quelques épisodes clés et symboliques de la vie du penseur américain –sa décision de s’exiler, seul, pendant plus de 2 ans, au beau milieu des bois du Massachussetts, pour se recentrer sur ce que la vie a de vrai ; son séjour en prison pour avoir refusé de s’acquitter de la taxe à un gouvernement fermant les yeux sur l’esclavagisme et menant une guerre impérialiste au Mexique ou sa volonté de ne pas prendre de calmants sur la fin de ses jours, alors que la tuberculose était en train de l’emporter, pour continuer à vivre pleinement sa vie jusqu’à la fin- mettant en valeur sa personnalité, ses choix, parfois radicaux, et surtout sa philosophie, que Le Roy essaie de faire sienne également : mettre sa vie en accord avec ses pensées, aller au bout de ses convictions, même s’il faut pour cela aller en prison, désobéir à son pays ou même mettre sa vie en danger.

Un portrait admirable, comme souvent avec Le Roy (avec, comme à l’accoutumée, en appendice, un « dossier » : des photos de son voyage sur les traces de Thoreau et une interview de Michel Granger, spécialiste de l’auteur américain, qui permet de mettre la lecture en perspective), qui éclaire aussi des facettes moins connues de Thoreau (sa mise en avant de la « simplicité volontaire », son amour pour la nature ou sa conscience que la violence pouvait avoir un rôle à jouer –il songea tout de même à des complots contre l’état…) démentant l’étiquette de sage pacifiste qu’on lui colle trop souvent et qui entend démontrer que la pensée de celui que l’on surnomme fréquemment « le père de la désobéissance civile » peut être une influence majeure pour notre époque.

 

(Récit complet)