ALBUM. Certes, il y avait bien eu “An Old Town We Once Knew”, compilation de 45 tours agrémentée d’inédits sortie entre temps, mais le dernier véritable album de Three Mile Pilot, “Another Desert, Another Sea” datait bel et bien de 1997 ! 13 ans, une éternité, se sont écoulés jusqu’à la sortie de ce “The Inevitable Past Is The Future Forgotten”. Difficile de nier dans ces conditions que la musique du trio n’a plus grand chose à voir avec ce qu’elle était à l’époque, et notamment avec l’exceptionnel de tension, d’inventivité et d’émotion “The Chief Assassin To The Sinister” (leur second album, que l’on écoute encore régulièrement, comme pour se ressourcer), l’un des chocs musicaux des années 90 avec Slint, Unwound, Quicksand, Fugazi -apparu un peu plus tôt- et quelques autres.
De l’eau a donc coulé sous les ponts et un bon paquet d’albums de Pinback (l’autre projet de Zach Smith, bassiste, entre autres, chez Three Mile Pilot) et The Black Heart Procession (le groupe parallèle de Pall Jenkins, la voix et la guitare de 3MP) sont passés par là. Et ça s’entend. Le groupe a en fait poursuivi l’évolution déjà opérée sur “Another Desert, Another Sea”, prenant ses distances avec les déflagrations sonores, la tension et un rock plus viscéral pour privilégier une approche plus mélodique, plus harmonieuse, parfois plus pop aussi, tout en parvenant à rester touchant. Plus accessible donc, “The Inevitable Past Is The Future Forgotten” voit rythmes dynamiques, chœurs et synthés (parfois un brin psychédéliques) made in Pinback et chant à haute teneur émotionnelle (ah, la voix de Pall…), lignes de piano tristounettes à la Black Heart Procession (écoutez les intros de “The Threshold” et de “One Falls Away”) se croiser, parfois se mélanger. Très souvent pour le meilleur.
Bien sûr, vous l’avez compris, l’album s’avère finalement assez prévisible pour qui connaît déjà le groupe et ses formations satellites. Mais c’est quand même du bon, et même du très bon Three Mile Pilot par moments, avec toujours ce sens bluffant de la mélodie, ces refrains entêtants et cette mélancolie, cette tristesse -véritables marques de fabrique de ses membres- qui irriguent quasiment tous les morceaux. En moins ambitieux et marquant qu’à la grande époque, c’est tout.
Bon, on a peut-être l’air de faire la fine bouche, de couper les cheveux en quatre, mais on ne boude quand même pas notre plaisir de pouvoir entendre de nouveau des morceaux comme “Grey Clouds”, “What I Lose” ou “What’s In The Air” qui savent toujours aussi bien nous prendre aux tripes et se frayer un chemin jusqu’à notre âme. Et de retrouver notre groupe de San Diego préféré qui fait là un retour réussi !
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