ALBUM. Voilà un disque, qui, s’il ne dira rien aux plus jeunes, devrait rappeler quelques souvenirs aux plus anciens. Dès la découverte de la belle pochette cartonnée, les années 90 remontent en mémoire. On pense évidemment aux graphismes de June Of 44, ce qui n’est pas dû au hasard puisque c’est bien Jeff Mueller (June of 44) qui s’en est occupé. Et les références ne s’arrêtent pas à la pochette puisque c’est Don Zientara (l’homme derrière les disques de Fugazi et de la plupart des groupes du label Dischord) qui a enregistré cet album. D’entrée, on sent que Sergio, Massimo et Sacha semblent s’être fait plaisir.
Le nom du trio, lui, ne parlera qu’aux plus spécialistes, et pourtant Three Second Kiss représentait déjà à l’époque (premier album en 1996), une rare pépite italienne, derrière les plus célèbres Uzeda. Pour ceux pour qui ces références n’évoquent rien, nous parlons donc bien ici de math-rock, post-hardcore, post-rock, indie ou autres étiquettes noisy. Le groupe avait croisé la route de Steve Albini, joué deux fois au célèbre festival All Tomorrow’s Parties, et sorti ses derniers disques chez African Tapes (Europe) ou Slowdime (USA). Mais voilà 12 ans que le dernier album (« Tastyville »), passé déjà assez inaperçu, est sorti, et que nous n’avions plus aucune nouvelle du trio italien. Pourtant, contrairement à ce que cela pouvait laisser envisager, le groupe semble ne jamais avoir arrêté.
Prolongeant son engagement dans les musiques rock complexes, Three Second kiss revient donc de nulle part avec un nouvel album et un nouveau label (Overdrive records). La guitare est toujours aussi virtuose, le basse-batterie serré et mental. Nous ne sommes pas surpris. Le chant semble se poser un peu plus et l’ensemble me donne l’impression d’être moins frontal qu’autrefois. Mais en général, on retrouve bien les codes de l’époque avec une musique complexe qui pourrait sans souci toucher les amateurs de June Of 44, même si les italiens semblent moins émotionnels et plus compliqués.
Une chose demeure : avec une trentaine d’années d’activité, TSK semble avoir gardé la flamme de ses débuts, tout en s’ouvrant d’avantage. On sent ici ou là quelques recherches sonores (un piano, ici, un effet de mixage là). Avec « From Fire I Save the Flame », le groupe continue d’écrire son histoire, à son rythme, avec beaucoup de logique et de savoir faire. Reste dorénavant à savoir s’il trouvera son public en 2024 ?
(CD 11 Titres / Overdrive)
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