Total Control + Yussuf Jerusalem + Bain de Sang
23-11-2015, Paris, Mécanique Ondulatoire
Total Control à Paris. Pour les amateurs de post-punk, c’est un petit événement. Avec deux albums génialissimes au compteur, il faut dire que le groupe australien a de quoi faire le buzz. C’est d’ailleurs la foule des grands soirs qui se pointe à la Mécanique Ondulatoire. Attentats ou pas, le groupe joue à guichet fermé. En plus c’est le premier concert auquel je me rends depuis les tueries de Paris, j’ai vraiment envie que ça soit bon, que ça suinte, que ça gigote, que les refrains soient repris en chœur, et que la bière coule à flot.
Pour le moment, ça commence doucement. Le public ne se presse pas pour voir Bain de Sang, le premier groupe de la soirée. Son nom résonne avec l’actu, pas de doute. Pourtant, l’agression ne prend pas vraiment. Je sais que leur punk-hardcore à tendance très metal ne va pas me parler musicalement, mais j’espère au moins voir une déferlante excessive d’agressivité, une claque d’énergie, du second degré ou un spectacle impressionnant. Que nenni. Concert classique de crust/hardcore-metal gueulard. Et le chant screamo n’y changera rien. Pas le courage de rester très longtemps. Je remonte parler avec les potos.
Quand je redescends pour Yussuf Jerusalem, la cave est archi-bondée. Ça fait longtemps que je n’avais plus entendu parler de ce groupe parisien qui avait fait le buzz il y a quelques années. Du coup c’est cool de les revoir. Leur musique entre ballades sixties, americana, et indie à reverb est toujours aussi agréable à entendre, mais je ne trouve jamais le truc qui pourrait me captiver. J’aime bien le petit côté Elvis que dégage le chanteur. Je m’accroche à ça. Rien ne me gêne, et rien ne m’excite vraiment. Je reste quand même jusqu’à la fin. Les gars ont fait le boulot, malgré un son moyen. Je me dis juste que dans le style, plutôt classique, le set manque un peu de vrais tubes.
Puis c’est enfin au tour de Total Control de monter sur scène. La cave voûtée déborde. Nous, on est devant, plutôt contents. Il faut dire que leurs disques passent régulièrement sur ma platine. Mais on va déchanter vite fait. Le line-up a changé. Ce soir, le groupe joue sans batterie (le batteur a décidé de s’occuper du sampleur et autres bruits), et il manque Mickey Young, le second guitariste, fondateur du groupe (et membre de Eddy Current Suppression Ring). Bon, ne nous affolons pas, ils savent ce qu’ils font. Ça commence avec un bon « Retiree » en mode boite à rythme, mais dès le deuxième titre, je me pose quand même des questions. Certes, le chanteur, dans le genre possédé, est bien dedans avec son style limite hardcore 80s. Le contact est froid, mais correspond à leur musique (si tu aimes the screamers, the normal, new order ou suicide). Par contre, les autres ont l’air absents. Et le manque de batterie et de seconde guitare donne un sérieux coup à l’énergie des morceaux (et la perte est brutale sur les titres les plus rock). Alors les tubes sont évidemment là, et rien que pour ça, c’est un plaisir d’être présent, mais on sait que le groupe est bien en-dessous de ses possibilités. Du coup, on se souvient du concert de leurs cousins de UV Race dans la même salle il y a quelques mois, et c’est bien cette ambiance folle que nous attendions. A la place, le public de ce soir est plutôt calme. A l’instar du groupe. Du coup, on se contente de ce qu’on a. Les morceaux sont bons, incroyablement bons même, et pendant une heure, une grande partie de « Typical System » et une partie de « Henge Beat » y passent. Froid, frontal. Pas de rappel. On sait qu’on n’a pas gagné grand chose par rapport aux disques, et que ce n’était pas le meilleur concert de Total Control, mais ce n’est pas grave, on était content d’être là et d’entendre ces putains de morceaux en live.