Paris, Supersonic
OK, en ce week-end ensoleillé, les sudistes ont nargué les parisiens avec leur Freakshow festival (drôme) dans lequel se produisaient d’ailleurs les anglais de Total Victory. Mais le Supersonic nous proposait, en ce dimanche soir, une bien belle affiche pour nous consoler.
La soirée commence avec le post-punk de Plomb. L’ambiance est encore assez calme dans le club parisien, mais le groupe enchaine ses morceaux avec conviction, entrainant peu à peu le public dans sa danse. De « Crazy Monkey » à « Unity », les tubes de leur EP défilent. Ils annoncent d’ailleurs un nouveau maxi d’ici la fin de l’année. Sur scène, le groupe a pris en assurance depuis la dernière fois où je les ai vus. Certains amis qui les découvrent trouvent l’influence de Frustration trop présente. Ce n’est pas faux (y a pire ceci dit), mais le quintet parisien y insuffle des passages plus anarcho-punk (roulements de batterie renvoyant à Crass, ou gueulantes de Natacha, la bassiste, façon Dirt). Mais surtout, le groupe sait composer de bons morceaux qui te restent dans la tête, et c’est bien le plus important. Un très bon moment (merci les gars pour la petite attention en passant).
Le temps de discuter avec les amis, et c’est Harassment qui envoie ses boulets de canon, pied au plancher. Le bassiste a changé et c’est Matt de Rewinder / NKVD qui a repris la 4 cordes. Le moins que l’on puisse dire est qu’il assure le show ! Ses camarades ont du mal à rivaliser. C’est pourtant cette guitare pleine de reverb surf qui fait, pour moi, tout le charme de ce groupe. A la manière des Dead Kennedys. Malheureusement, ce soir, elle a du mal à ressortir. Et si la sauvagerie des titres d’Harassment ne mettent pas longtemps à lancer un joyeux pogo (poussé par Ben, le chanteur, qui se jettera dans le public à la première occasion), je dois avouer que les morceaux me semblent plus confus qu’autrefois. Cela doit venir du son, mais j’ai plus de mal à comprendre tout ce qui se passe. L’approche devient plus noisy, avec cette basse saturée, mais l’énergie reste heureusement la même. Et de ce côté-là, les parisiens se font plaisir. Ils foncent, sans jouer des biscottos. J’aime bien cet équilibre. A noter qu’ils viennent par ailleurs de sortir leur premier album.
Reste à reprendre nos esprits pour le set de Total Victory. Il y a eu un changement de line-up. Le batteur est passé à la 6 cordes (ils sont dorénavant trois guitares), laissant sa place à un nouveau venu. Du coup, à six sur scène, les pauvres sont un peu serrés. Mais le manque de place et la courte nuit de la veille ne semblent pas égratigner leur motivation. On entre direct dans le bain. Batterie sèche comme un coup de trique, mur de guitares et arpèges délicats, tout est là pour passer un bon moment. Même si c’est surtout le chanteur qui m’intéresse. Ce putain de chanteur, mi-parlé mi-chanté. Du british pur jus, apportant cet aspect post-punk, déclamant ces histoires qu’on se racontent au pub. Putain, les mecs font dans le beau qui te titille ce qu’il te reste de cœur, tout en t’agrippant par le col-bac. Il s’agit pas de déconner. Les gars ressemblent à rien (vous êtes sérieux avec vos pantacourts ?), mais quand ils envoient, tu mouftes plus. Je suis aux anges quand ils balancent « What The Body Wants, The Body Gets », ultime tube de leur début. Même si je manque un peu de voix (quelle idée de se planter devant la scène). Le groupe a la bonne idée de piocher dans toutes sa discographie, ne jouant pas uniquement les titres de leur dernier album. Bref, tout roule, et le public semble apprécier. Ils finissent comme ils sont venus, sans esbroufe, prêt à repartir vers leur île. Classe.