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TOUBAB OR NOT TOUBAB (Derey-Mercier/Sonon)

Hondo, orphelin mauritanien, débarque à Abidjan à 12 ans. Il est rapidement repéré par un gang de coupeurs de mains qui l’embrigade pour lui apprendre les ficelles du « métier » de trafiquant d’organes. Alors qu’il a décidé de les dénoncer, Hondo se retrouve tout de même en prison où il rencontre Boubakar, enfant-soldat qui a survécu à la guérilla en Sierra Leone, grâce à qui il va s’échapper et avec qui il va sceller un pacte pour s’en sortir…

Si ce « Toubab or not toubab » apporte un peu d’exotisme et de dépaysement à la toujours intéressante collection Rivages/Casterman/Noir, il ne dépariera cependant pas avec les autres titres sur le fond. Car le récit, adapté d’un roman de Jean-Claude Derey, a beau se passer en Afrique, il est on ne peut plus sombre et désenchanté. Sorte de roman d’apprentissage à la « David Copperfield », il met en scène une Afrique désespérée, miséreuse et très violente où, pour survivre, son héros découvre petit à petit qu’il a le choix entre l’exil clandestin en Europe, la collaboration avec la police, les trafics en tous genres ou vendre son corps aux toubabs, blancs qui ont du mal à perdre leurs mauvais réflexes coloniaux…

Le récit est certes bien mené par Mercier mais il n’enthousiasmerait que moyennement s’il n’y avait son contexte particulier (Sonon, le dessinateur, qui livre ici son premier travail pour un éditeur français, est béninois et restitue, du coup, parfaitement décors et ambiances africaines) et la verve, imagée, très africaine, de ses dialogues, Hondo ou le commissaire Zéphyrin utilisant, par exemple, souvent des proverbes du cru pour s’exprimer (« Le petit oiseau Téné ne dit pas où il pond ses œufs »). Du coup, ce petit plat aigre-doux (le dessin coloré et plus léger de Sonon vient judicieusement contrebalancer le côté très noir du roman) ne manque pas de saveur.

 

(Récit complet – Casterman)