Elle l’appelle Seabearstein. Il l’appelle Mireille d’Arc. Parce qu’elle est blonde, jolie, mince et a les yeux bleus. Mais elle ne connaît pas Mireille d’Arc. Elle est trop jeune pour cela. Elle lui parle de la Renaissance. Il lui parle de ce qu’il écrit. Quand ils doivent se séparer quelques heures, c’est une tragédie. Mireille d’Arc ne veut plus jamais dormir dans d’autres bras. Ils sont amoureux. Alors elle pose pour lui. Et il la dessine. Et il la peint. Sur le lit. Habillée. Nue. Dans la baignoire. Cela ne dure pas longtemps. Car le désir ne tarde pas à monter et ils font l’amour. Souvent…
Juif, peintre, dessinateur et romancier qui aime porter des T-shirts à têtes de mort : Seabearstein est l’alter ego à peine déguisé (bon il est quand même blond aux yeux bleus dans le récit) d’un Joann Sfar qui met ici en images sa nouvelle amoureuse (ça se sent qu’il l’aime car il la dessine très belle et désirable et elle est presque de toutes les cases) tout en réfléchissant à ce sentiment bien énigmatique qu’est l’Amour. Quel est le mystère chimique qui fait que l’on tombe amoureux de cette grande brune aux yeux marrons et aux cheveux ondulés et non de cette blonde à forte poitrine pourtant très jolie également ? Pourquoi est-on capable d’accepter autant de choses contre nature (adopter un chien alors qu’on n’aime pas les chiens, acheter de beaux souliers et de beaux vêtements de marque qui ne sont pas notre genre…) par amour ? Qu’est-ce qui fait que la magie de cet amour se rompt à un moment donné ? Pourquoi est-on si malheureux et même persuadé qu’on n’aimera plus jamais lorsque l’on sort d’une histoire qui finit mal? Pourquoi certaines personnes préfèrent-elles se mettre avec quelqu’un qui va les rendre malheureuses plutôt que de rester seules ? Sfar propose une nouvelle variation sur l’Amour donc mais à sa façon, dans son style inimitable qui mêle poésie, humour, érotisme (Seabearstein et Mireille d’Arc sont souvent nus et font tout aussi souvent l’amour), trash et philosophie. Le tout mis en images de son trait direct et ondulant habituel. Du Roméo et Juliette légèrement dépoussiéré quoi…
(Récit complet – Rue de Sèvres)