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TWENTIETH CENTURY EIGHTBALL (Clowes)

BD. Les éditions Delcourt continuent de réunir dans la collection La bibliothèque de Daniel Clowes les œuvres traduites en français de l’un des plus grands auteurs, avec Ware et Burns, de la bande dessinée indépendante américaine. Et après Ghost World, Comme un gant de velours pris dans la fonte et Patience, c’est au tour de Twentieth Century Eightball de se voir ré (il était initialement paru chez Cornélius en 2009 sous le titre d’Eightball) -éditer. L’un des livres les plus intéressants de la collection même s’il s’adresse avant tout aux fans hardcore de l’américain puisqu’il s’agit d’un recueil d’histoire courtes de Clowes publiées dans les 18 premiers numéros de son comic book édité aux Etats-Unis de 1989 à 2004 chez Fantagraphics. Des strips de 3 cases déroutants, des expérimentations graphiques en une planche, des délires narratifs de quelques pages mais aussi des récits parfaitement construits et aboutis. Un ensemble disparate que Clowes présente d’ailleurs de la façon suivante dans l’histoire qui introduit le recueil : “Le livre sera une compilation de ce que l’on appelle dans le métier des strips “bouche-trou” ou “à la con” ou “balance sur la page la première idée débile qui te vient, tout le monde s’en fout”. Une autodérision bienvenue que l’on retrouve régulièrement dans ce recueil, notamment quand Clowes parle de son métier (“Un auteur de bande dessinée underground est quelqu’un qui crée des scénarios pictographiques, souvent entièrement fictifs, pour divertir un public de marginaux et de toxicomanes”). En fait, dans Twentieth Century Eightball, Clowes ne s’en prend pas qu’aux artistes et à lui-même, il tire sur à peu près tout ce qui bouge (avec une préférence tout de même pour la religion, le consumérisme et le sport) et livre un portrait sombre, très acide, de l’Amérique, qu’il dépeint comme frustrée, matérialiste, hypocrite et religieuse.

L’ensemble, on l’a dit, est hétérogène, à tous les niveaux, l’absurde côtoyant le critique, le génial voisinant avec le brouillon. Peu importe :  Twentieth Century Eightball est surtout l’occasion de découvrir les œuvres de jeunesse d’un auteur qui se cherche, joue, expérimente, provoque et se lance des défis. Un auteur qui allait devenir, quelques années plus tard, incontournable !

(Recueil d’histoires courtes, 104 pages – Delcourt)

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