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UN MILLION D’ELEPHANTS (Vanyda/Cornette)

Laos, décembre 1975. Les révolutionnaires du Pathet Lao viennent de prendre le pouvoir et destituent immédiatement le roi Savang Vathana de ses fonctions. Lui et la famille royale sont emmenés. On ne les reverra jamais…Des moments difficiles s’annoncent pour les laotiens. Pas pour Boun qui est du côté des « libérateurs ». Par contre, Ly Xia appartient à l’ethnie Hmong, directement visée par la répression communiste. Les « combattants de la révolution » ont d’ailleurs commencé les purges en ouvrant le feu sur les habitants de villages dans les montagnes. Ly Xia s’empresse d’écrire à Soulivanh, qui avait été accepté à saint-Cyr 3 ans auparavant, de ne pas rentrer au pays avant d’imaginer un plan pour traverser le Mékong et rejoindre la Thaïlande. Avant, peut-être, de retrouver Soulivanh en France…

Si notre résumé commence en 1975, ce sont en fait 80 ans d’histoire que couvre Un Million d’éléphants. Et si le récit prend comme point de départ la mort de Souradeth en 1935 des suites d’une blessure lors d’une chasse au tigre, c’est parce qu’il était l’arrière grand-père de Vanyda qui a décidé ici (accompagnée de Jean-Luc Cornette au scénario) de raconter l’histoire de son père, le Sulivanh du récit. De son père mais aussi de sa famille donc et de ses amis pris dans la tourmente de l’histoire mouvementée et violente (colonisation française, guerre d’Indochine, révolution puis dictature communiste ensuite…) de leur pays, le Laos.

Le choix du récit choral permet aux auteurs de montrer différentes trajectoires de laotiens suivant leur appartenance ethnique ou politique mais aussi différentes façons de réagir face à l‘exil et au déracinement qui s‘en suivirent. Certains comme Kha ne pouvant se résoudre à retourner dans ce « pays de criminels », d’autres, comme Ly Xia, son mari, ayant, au contraire, du mal à s’intégrer à la France et éprouvant, du coup, le besoin de retrouver leurs racines. Un choix a priori judicieux même si les constantes ruptures qu’il engendre dans la narration nous laissent tout de même un peu sur notre faim, les scènes devant souvent se contenter d’effleurer les sujets abordés. Au final, Un million d’éléphants remplit tout de même honorablement le contrat : il rappelle notamment que derrière chaque réfugié se cache souvent une histoire compliquée, pleine d’épreuves à dépasser et de malheurs à surmonter. Salutaire en ces temps de repli sur soi et de peur de l’autre. Et les fans de Vanyda trouveront bien sûr là une opportunité unique de découvrir son histoire.

 

(Récit complet – Futuropolis)