BD. Une série qui voit Régis Loisel et Olivier Pont collaborer : impossible de manquer ça ! Au départ, il y avait une envie : celle de Pont de ressortir de ses tiroirs un projet de bd né d’un voyage en Guyane. Puis Loisel, à qui il en a parlé, a ajouté le personnage de Max Heurtebise qui vient de perdre sa mère et décide d’utiliser l’argent qu’elle lui a légué pour retourner au Brésil, pays qu’elle a quitté pour fuir son père alors que Max n’avait que 3 ans. Un père qu’il n’a jamais connu et qu’il espère retrouver. Grâce à deux photos dénichées chez sa mère…Voilà pour l’intrigue principal. Ne restez plus qu’à ajouter encore quelques éléments : du danger, avec cette nature amazonienne particulièrement hostile et les hommes, sans foi ni loi, qui y travaillent, dans les camps forestiers ou en quête d’or, de l’amour, avec la rencontre de Corinne puis de Baïa et un soupçon d’humour (Max attrape rapidement une chaude pisse, ce qui n’est pas vraiment pratique quand on se retrouve au beau milieu de la jungle…) pour faire d’Un putain de salopard une grande saga. Le savoir faire des 2 hommes faisant le reste…
Il est encore un peu tôt pour savoir si cette série marquera les esprits comme Le magasin général, La quête de l’oiseau du temps ou Où le regard ne porte pas, auxquels Loisel et Pont ont participé, ont pu le faire mais une chose est en tout cas certaine : ce premier tome d’ouverture est particulièrement réussi. Scénario aux petits oignons (il est plein de mystère et le choix de Loisel de jouer sur le contraste entre la naïveté et l’innocence de Max, Christelle, Corinne et Charlotte et la violence de l’Amazonie fonctionne totalement), narration totalement maîtrisée (elle est d’une fluidité exemplaire et est parfaitement rythmée, proposant régulièrement des moments forts pour garder l’attention du lecteur, jusqu’à la scène de conclusion de l’épisode qui ne peut que vous scotcher), le tout parfaitement mis en scène par Olivier Pont (dont on avait déjà beaucoup aimé le dernier récit, Bouts d’ficelles) d’un trait à la fois lisible, expressif et personnel : de la très belle ouvrage que voilà.
(Série composée d’épisodes de 88 pages – Rue de Sèvres)