BD. Le juge Ruppert-Levansky est un magistrat respecté, reconnu pour son professionnalisme et la façon éclairée dont il a rendu la justice pendant 32 ans. Alors qu’il vient d’être nommé président de la cour d’assises de Metz, la ville où il a justement débuté, il se souvient de ses débuts, plutôt compliqués. Il se rappelle de cette drôle d’Affaire Wissembourg, une femme qui avait tué son amant par jalousie puis l’avait découpé à la meuleuse pour le faire disparaître, sur laquelle il enquêtait alors. Une investigation rendue d’autant plus complexe (il n’y avait pas de preuves formelles et l’accusée, qui niait les faits, disait pouvoir communiquer avec les morts…) qu’elle eût lieu au moment où Rachel, son premier véritable amour, le quitta. Une rupture qui l’entraîna vers la dépression sans s’en rendre compte…
Si Une erreur de parcours s’inspire en partie de faits réels (notamment de l’Affaire Simone Weber sur laquelle Denis Robert enquêta quand il était journaliste à Libération), ce nouveau récit signé du duo Biancarelli/Robert (ils ont déjà réalisé Le circuit Mandelberg et l’excellent Grand Est ensemble) n’est pas un reportage mais bien une fiction. Dans laquelle le scénariste entraîne le lecteur dans une réflexion sur le passage à l’acte criminel. Est-on programmé pour devenir un meurtrier ? Ceux qui tuent sont-ils des fous illuminés comme Mathilde Wissembourg semble l’être ? Où se situe la limite entre normalité et folie ? L’auteur répond indirectement à ces questions dans ce polar judiciaire à la mécanique parfaitement huilée qui suit en parallèle l’enquête que mène Ruppert-Levansky alors simple substitut du procureur et sa relation (pas vraiment équilibrée…) avec son amoureuse de l’époque jusqu’à sa rupture, violente psychologiquement (en la suivant il découvre qu’elle le trompe…) pour lui, pour mieux montrer l’influence que sa vie privée et l’enquête ont eu l’une sur l’autre.
Un récit inspiré et surprenant qui tient en haleine jusqu’au bout (avec un final marquant, comme le veut la tradition du genre) grâce à la construction narrative en miroirs (que ce soit dans le fond ou la forme) habile de Robert et au dessin semi-réaliste fluide et dynamique de Biancarelli et nous oblige à porter un regard différent sur la justice.
(Récit complet, 160 pages – Dargaud)