BD. Ajaccio, 17 décembre 2015. Les nationalistes de Talamoni ont pris le pouvoir à l’assemblée de Corse. Par la voie démocratique. En se rapprochant du parti autonomiste Femu a Corsica de Gilles Siméoni qui avait toujours exigé des indépendantistes du FLNC qu’ils déposent les armes et sortent de la clandestinité pour qu’une alliance soit possible. Une issue positive qui a enfin brisé la spirale de violence en Corse. Mais que le chemin fut long et compliqué pour y arriver…
Un chemin sur lequel Hélène Constanty, journaliste et documentariste, et Benjamin Adès reviennent dans une enquête particulièrement éclairante et documentée divisée en 6 chapitres qui sont autant de coups de projecteur sur les moments clés du nationalisme corse. De l’occupation de la cave viticole d’Aléria par Edmond Siméoni (le père de l’actuel président du conseil exécutif de Corse) et ses soutiens en août 1975 pour dénoncer la priorité donnée aux rapatriés d’Algérie pour accéder aux terres aux détriments des agriculteurs corses (qui se solda tout de même par la mort de 2 gendarmes) à la naissance du front de libération nationale corse (et au début des plasticages lors des fameuses nuits bleues) puis à la scission du mouvement dans les années 90 et à ses dérives mafieuses (certains dirigeants détournaient, par exemple, une partie de l’impôt révolutionnaire) en passant par l’assassinat du préfet Erignac ou les différentes politiques menées par l’état français dans l’île : rien ne manque ou presque à cette Histoire du nationalisme corse dont l’approche chronologique apporte une grande clarté à la narration. Autre trouvaille intéressante qui rend la lecture ludique : ressusciter le héros Pasquale Paoli (il a vaincu les génois et a fondu la république de Corse en 1755) et lui faire commenter les événements ou apostropher les différents acteurs. Finalement, il n’y a qu’un petit bémol : le dessin d’Adès, qui n’est pas des plus abouti (il va en effet vraiment à l’essentiel, comme souvent dans la BD documentaire) mais d’un autre côté ce n’est pas vraiment ce que l’on vient chercher ici non plus…
(Récit complet, 216 pages – La Revue dessinée/Dargaud)