ALBUM. Après un maxi sorti en 2020, qui posait les bases de leur post punk à fortes consonances new wave, le groupe du sud de la France, dont l’inspiration Killing joke était revendiquée, revient avec un album digne de ses ambitions. En effet, la production a changé d’échelle en trois ans, et l’aspect plus indé du premier maxi, restera loin derrière.
Si comme tout groupe post-punk qui se respecte le basse-batterie réglé au millimètre ouvre le bal (rappelons tout de même la présence de l’excellent batteur Seb Dodus, remarqué dans la scène noise avec le trio Pord), il est rapidement rejoint par le principal narrateur de ce disque, je veux parler de la guitare de Gom Pilote (qui s’occupera aussi du mix de l’album). Dès le premier titre, et son superbe riff, on voit le potentiel de ses arpèges, et de ses changements d’humeur. Tout au long du disque, cette guitare apportera toute la couleur des morceaux, plus new wave, ou plus Killing Joke selon l’envie et le flanger. On regrettera peut-être un manque de frontalité lié à l’utilisation d’effets constants qui rendent parfois les guitares un peu vaporeuses, mais cela doit être lié au style.
Le chant pourra lui diviser les auditeurs. Le choix est aux vocaux chantés, adoucissant souvent la dureté de l’influence principale (et du basse-batterie). Si les choeurs ramènent quant à eux un peu de brutalité (« Sacrifice »), le chant choisi d’emmener les morceaux vers des contrées plus calmes, new-wave ou Goth-rock.
Au fil de l’album, le groupe alternera souvent entre ces différents styles. Poussant parfois vers plus de douceurs, ou au contraire plus de tensions. Mais quelque soit son choix, il refuse le minimalisme d’un certain courant post-punk (ce qui laissera les amateurs de ce courant sur le bas côté), et compose des morceaux complexes, aux rebondissements nombreux s’éloignant ainsi de pas mal de confrères actuels ou passés.
Bon sur « Struggle (crush the Elite) », le groupe part un peu loin dans l’hommage à Killing Joke, mais le morceau a le mérite de voir les montpelliérains en ordre de bataille (la guitare et le chant rejoignent le basse-batterie pour faire un bloc plus frontal, ce qui n’est pas désagréable).
Puis c’est enfin le final « Hello », l’un des titres les plus accessibles, avec une utilisation des voix qui fonctionne assez bien, et change du reste du disque… dans l’attente du Dance-floor…
En 35 minutes bien chargées, le groupe place un album a la hauteur de ses envies, et peut-être fier du résultat.
(10 titres – Rejuvenation / Day off rds / Kerviniou rds / etc.)