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VINGT-DECEMBRE (Appollo/Tehem)

BD. De janvier à juin 2020, Apollo et Tehem ont bénéficié d’une résidence artistique aux Archives départementales de La Réunion. C’est là, au milieu des vieux documents, que l’histoire de Vingt-décembre est née. Celle d’Edmond, l’esclave de Bellier-Beaumont, horticulteur, qui lui apprend les secrets des plantes et des fleurs. L’adolescent est si bon élève qu’il parvient, à la grande surprise de son maître, à féconder une fleur de vanille. Une découverte qui aurait dû le rendre riche si Edmond n’avait vécu sur l’île Bourbon en 1848…Une île où peu d’esclaves sont libres en dépit de la proclamation de l’abolition de l’esclavage. Ainsi, tout blanc, le maître, sa femme, ses enfants ou même son voisin, peut frapper, s’il le désire, un esclave. Mais en France la république a été proclamée et le gouvernement provisoire nomme Joseph Sarda-Garriga commissaire général de la république à la Réunion (l’île ne peut plus porter le nom d’un roi…) et l’y envoie pour qu’il mette en application le décret d’abolition de l’esclavage. Un vent de panique souffle alors parmi les riches propriétaires blancs qui se demandent comment ils vont pouvoir continuer à faire tourner leurs exploitations de café ou de canne à sucre sans cette main d’œuvre gratuite corvéable à merci. Les noirs, eux, ont du mal à imaginer qu’ils vont pouvoir être libres…

Ce sont ces quelques mois, remplis de crainte pour certains, d’espoir pour d’autres, de résignation, finalement, pour la plupart des « esclaves », qui, s’ils sont devenus libres, n’ont d’autre choix que de continuer à travailler pour les blancs s’ils veulent survivre, que raconte Vingt-Décembre…Un chapitre de l’Histoire de La Réunion que les deux auteurs mettent ici en exergue avec brio, Appollo mêlant avec beaucoup de naturel et de vérité, destins individuels (à celui d’Edmond, il faut ajouter, notamment, ceux de Marianne, du marron Héry on encore de la malaise Asoline…) et Histoire collective et Tehem mettant le tout en scène d’un trait juste et très agréable.

Une vraie belle évocation de la lutte pour la liberté sur l’île qui permet aussi de comprendre La Réunion actuelle, notamment son métissage (beaucoup d’indiens sont venus remplacer les esclaves après 1848) et sa culture uniques.

(Récit complet, 160 pages – Dargaud)

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