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VISA TRANSIT (de Crécy)

BD. On pourrait croire, si l’on regarde un peu vite la couverture, que ce récit de Nicolas de Crécy est la suite de Salvatore, série dont 4 tomes étaient sortis chez Dupuis il y a quelques années. Mais non, Visa transit est bien un nouveau récit, autobiographique cette fois, puisque l’auteur y raconte le voyage qu’il fit avec son cousin Guy, alors qu’ils avaient 20 ans, à travers l’Europe à bord d’une Citroën Visa de 170 000 kilomètres abandonnée dans le jardin de son oncle, pour rejoindre la Turquie et l’Asie. Mais ne comptez pas sur l’auteur de Période Glaciaire (peut-être son meilleur livre, à lire absolument!) ou Naissance d’un fantôme pour proposer un récit de voyage linéaire et académique. Non, à l’instar de ce périple en voiture, son récit est truffé de nids de poules, il prend souvent des itinéraires non-indiqués sur les cartes de BD et fait régulièrement des embardées hors piste. Il fait de constants va-et-vient entre le présent et ce passé de 1986. Et retourne même parfois dans l’enfance de l’auteur quand celui-ci, obligé de reconstituer, à partir des quelques souvenirs qui lui restent et des 15 photos prises à l’époque qui ont survécu, ce qui s’est passé cet été 1986, se rappelle également de choses vécues avec son cousin Guy (comme lorsqu’ils allèrent ensemble en colonie en Auvergne chez le frère Anicet…) quand ils étaient plus petits. Car Visa Transit est un récit de la mémoire. Il s’agit ici de consigner, à travers cette histoire, les événements, les expériences et les voyages qui l’ont construit, avant, peut-être, de ne plus pouvoir le faire. Et ce périple en Visa en est clairement un. Car à une époque où le GPS n’existait pas et l’union européenne ne comprenait pas autant de pays, traverser l’Italie, la Yougoslavie, la Bulgarie et la Turquie était une aventure. Une vraie. Surtout quand on ne part qu’avec des livres, des cigarettes, 2 sacs de couchage et quelques vêtements…

De Crécy a beau, pour une fois, faire ici une incursion dans le réel (d’habitude ses récits sont le fruit de son imaginaire débridé et sont souvent peuplés de monstres…), ce récit autobiographique reste tout de même singulier, hanté par la peur de la vierge ou le fantôme d’Henri Michaux. Une histoire qu’il met en images de son trait si personnel, reconnaissable entre mille et livre, ici ou là, quelques portraits véritablement vibrants. Un récit, à la fois drôle et poétique, à part dans l’œuvre de l’auteur même si l’on y retrouve son originalité habituelle.

(Récit en 2 volumes de 136 pages – Gallimard BD)

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