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Vivre autrement !? #5

Voilà quelques temps que Chris me parlait de ce projet. Interpellé par le titre de l’album des allemands de Yage, “Anders Leben !?”, Chris s’est intérrogé sur sa propre vie, et les choix qu’il fait pour éviter le conformisme d’une vie trop souvent vide de sens. A travers son témoignage, nous aimerions lancer une nouvelle rubrique dont l’existance ne dépendra que de vous… En effet, nous souhaiterions que vous vous exprimiez, qu’à votre tour vous fassiez part de votre expérience. Cette rubrique aimerait devenir un carrefour où les opinions se croisent et les expériences s’enrichissent. Pour une fois, nous vous demandons d’être acteur, d’offrir, de partager et de ne plus seulement passer par ici. J’espère que l’expérience fonctionnera et prendra de l’ampleur. Cela ne dépend que de vous.

Pour cela, il vous suffit d’envoyer vos textes à notre adresse, et nous mettrons en ligne les meilleurs. Le but n’étant pas de censurer les textes, mais juste de ne pas transformer cette rubrique en forum, très présents sur Internet, mais bien trop souvent vides de contenu et inintéressants. J’espère que vous adhérerez à notre démarche en prouvant que notre scène n’est pas une copie dissimulée d’une société passive.

5. Chaminou, Lille

« Non les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux » (Brassens)
Je crois qu’il va falloir que ça change. Nous sommes en train de nous fourvoyer “maximalement” et le pire, c’est que tout le monde le sait pertinemment, au fond. Le danger (oui, c’en est un à long terme) étant que cette toute petite voix qui nous appelle est bouffée par la pensée dominante, celle qui fait qu’on ne risque rien en l’adoptant : la facilité, me direz-vous ! Toujours, mes amis. Mauditpanurgisme !
Prendre du recul par rapport à toutes ces choses, là est ma quête depuis bon nombre d’années… Car, à bien y réfléchir, je n’ai jamais adhéré à certains schémas dits “évidents”.
Plus jeune, les modèles d’ “adultes” qui s’offraient à moi ne me faisaient pas peur, mais j’avais du mal à m’imaginer vivre leur vie (sans instaurer d’échelle de valeur, je me voyais juste grandir autrement). Pour moi, ils semblaient s’emmerder comme des rats morts parce qu’ils subissaient plutôt que d’agir. Et puis, ils ne savaient ni jouer, ni créer. Et ça, c’était tout de même vraiment triste… Quand tu dis ça du haut de tes huit ans, ça fait bien rigoler (jaune, quand même) dans les repas de fômille pour le peu qu’on t’écoute à moitié. Mais cette tournure prend une toute autre dimension lorsqu’on commence à se rendre compte que ta période acnéique post-adolescente est déjà bien révolue…
À cela s’ajoute la difficulté d’appartenir à ce que l’on nomme le sexe faible. Être gentille, maternante, ne pas décevoir… C’est plus ou moins ce qu’on attend d’une femme! L’indépendance ? Mais quelle drôle idée ! Je ne m’y étais pas préparée, mais de plus en plus souvent (à croire qu’il y a un âge pour cela), j’ai droit aux mêmes questions : « Tu as quelqu’un dans ta vie ? Quoooiii ? Tu es seeeule ? Mais tu es pourtant jolie ! » (Quel rapport ? Encore quelque chose qui m’échappe). Ce qui cloche ? Rien, puisque je ne cherche pas l’âme soeur. Ce sont mes choix, c’est tout. À moi donc d’assumer…
Ce soir, par exemple, j’ai envie de me promener seule dans Lille. Croyez-vous que je pourrai le faire en toute tranquillité ?!! Non, il y aura forcément des cas qui vont me mater, me parler, me suivre, etc. C’est une réalité : il faudrait qu’un homme m’accompagne dans divers endroits pour que j’aie la paix. Voilà, pour les gens, la sécurité passe par là. Et par le boulot (puisque j’ai choisi de vivre seule), aussi. C’est pesant, au quotidien. Le prix de ma liberté, en quelque sorte.

Célibataire et au chômage : TOUT VA BIEN. Est-ce particulièrement difficile à croire ?!!!!!
Ne pourrait-on s’épanouir que via le travail et le couple ? N’y aurait-il pas d’autres plaisirs “valables” pour une femme ? Dois-je forcément songer à faire des enfants, parce que justement, une femme sans enfant n’en est pas vraiment une ?
À 26 ans à peine, je suis dans un tournant. Les gens me regardent comme une bête curieuse. Certains rigolent, d’autres prennent peur. Au fond, tout au fond, gronde mon moi profond.
Ce que je désire exprimer graphiquement choque ou indiffère, j’abandonne le dessin, les collages, la photo. Période d’incubation (…), puis je travaille mon expression. Verbale, corporelle. Pour vous dire que j’étouffe. Que ma vie ne sera pas celle que mamie et les autres s’étaient imaginés pour moi, en tout aveuglement platonicien…
Mes premières angoisses remontent à ces visions d’enfant : je rampe dans un tunnel sans fin. Celui-ci fait cinquante centimètres de haut, pas plus. Je tombe dans un étroit fossé. Je crie, je hurle : personne ne m’entend. Cette impression, je l’ai encore souvent maintenant, et pas seulement dans mes cauchemars. Tout en me protégeant des conventions sociales, je m’acharne à cette quête d’absolu, de « parler vrai ». Pour moi, celui qui fait « oui, oui » pour avoir la paix est pire qu’un homme dénué de ses sens. Il n’est plus rien pour moi, à présent je pense avoir compris, c’est tout.
Moi, Je veux apprendre à me confronter. Connaître d’autres alternatives que celles de l’agresseur sans arguments ou de la sournoise girouette, celle qui sous prétexte de doigté n’attend qu’une seule chose : te descendre derrière ton dos… Ces combats arbitraires ne m’intéressent pas. Je n’ai pas d’ambition matérielle, je ne vis pas dans le regard des hommes. Riant et pleurant lorsque j’en ai envie, je veux de l’Authentique. C’est aussi simple que cela. Hypersensible, je traîne d’indescriptibles impressions. C’est celles-ci que je veux développer au cours de divers voyages, bien loin des cages dorées qui me tendent leurs portes…

/Chaminou/

 

 

 

 

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