Philippe Whiting est employé dans un cabinet d’assurances, Barney & Putnam. Célibataire, il mène une vie calme et monotone. Alors, quand Maggie, la vendeuse de la pâtisserie où il passe tous les matins acheter un muffin, répond « Non, demain je ne serai pas là » lorsqu’il lui lance un habituel « A demain, Maggie » une fois son achat réglé et que le lendemain son patron est découvert mort dans sa cuisine écrasé par une étagère et que Maggie a effectivement disparu, Philippe y voit là l’occasion rêvée d’endosser le costume de détective et de mettre un peu de piment dans sa vie. D’autant que le shérif local, qui passe pour un imbécile aux yeux de tout le monde, a rapidement confirmé que la mort de Clarke était accidentelle et a refermé le dossier…
Pas étonnant que l’action de Watertown se passe aux Etats-Unis dans les années 60 ! Götting aime en effet les polars à l’ancienne qui voient le détective avançait patiemment à tâtons dans le noir de l’enquête avant d’y voir progressivement un peu plus clair grâce à ses découvertes et à son raisonnement. Du coup, tout le décorum des films noirs à la Hitchcock est là : les vieilles Oldsmobile, les costumes cintrés accompagnés de leur chapeau et bien sûr les disparitions étranges, les morts mystérieuses ainsi que les coïncidences troublantes. Même le travail graphique de l’auteur (très personnel, c’est un vrai régal) semble avoir été créé pour mettre précisément en scène ce genre-là, avec son trait noir au pinceau et des gouaches pour réaliser blancs et grisés (avec ici une petite nouveauté par rapport à d’habitude : une mise en couleurs dans des teintes bleues et jaunes appliquées numériquement !). Watertown ne se résume pourtant pas à un exercice de style parfaitement exécuté car Götting nous réserve quelques surprises dans son scénario avec notamment une fin plutôt surprenante (même si certains la trouveront peut-être un peu facile). Un bon récit, à l’atmosphère vintage, de la part d’un auteur qui est trop rare à notre goût.
(Récit complet – Casterman)