ALBUM. Le premier album, éponyme, de Wax Chattels, sorti en 2018, a atteint, paraît-il (c’est la bio qui le dit!), le 7e rang des charts de Nouvelle-Zélande! Là, on s’interroge… et on n’y voit que 2 explications. Soit le pays de l’hémisphère sud a une culture rock indé hyper développée, soit, et c’est cette hypothèse que nous privilégions, ce premier album était bien plus accessible que son successeur. Car, pour être honnête, on imagine mal Clot être dans le top 10 des ventes d’un pays comme la Novelle-Zélande. Non que l’album ne soit pas assez bon. C’est même le contraire. Mais c’est juste que la musique de Wax Chattels est exigeante et pas vraiment facile d’accès. On parle quand même là de noise-rock sans guitare volontiers expérimental! Certes, le trio sait aussi trousser, à l’occasion, des morceaux plus mélodiques, comme Efficiency (le tube de Clot, qui a un petit côté Enon, avec sa basse imposante, tout comme No Ties, très bon aussi, d’ailleurs) ou Spanners & Implements et son refrain intense, mais la plupart du temps Clot se veut bruitiste et sans concessions. Un album qui fait la part belle aux rythmes syncopés et aux changements de tempo, parfois soudains. Et qui apporte une grande importance aux sons (Amanda Cheng et Peter Ruddell, respectivement à la basse et aux synthés, s’ingénient à trouver des effets surprenants pour nous sortir drones stridents, grincements flippants que n’aurait pas renier un Jesus Lizard et autres joyeusetés bruitistes bien saturées non-encore répertoriées) et à la façon de les capter, brute et proche du live (on aurait pu croire que Steve Albini était aux manettes, mais non…ce sont James Goldsmith et Ben Greenberg qui se sont chargés de l’enregistrement et du mixage). Avec des morceaux capables d’à peu près tout. D’êtres mélodiques, on l’a dit, mais aussi de moments de pure folie musicale, la batterie subitement victime d’une crise d’épilepsie et les chanteurs (Amanda et Peter se relaient au micro) postillonnant furieusement comme si la Covid n’existait pas. De pures explosions d’énergie punk ou de moments plus calmes (sur Forever Marred, déchiré, à intervalles réguliers, par un gros riff). Il faut faire preuve de pas mal d’inventivité quand on est un groupe de rock qui a décidé de se passer de guitares (même si Peter Ruddell parvient à nous sortir des sons parfois proches d’une six cordes…) et comme Clot parvient à nous tenir en haleine jusqu’à You Were Right (qui clôt l’album avec larsens et chant shamanique), on peut en conclure que Wax Chattels n’en manque pas. Un album exigeant qui s’avère, au final, assez imprévisible car bien plus varié qu’on ne pourrait le penser. Recommandé!
(Captured Tracks/Modulor)