Depuis la fin prématurée des excellents 31knots, Joe Haege (guitare/chant) n’a pas arrêté. On a retrouvé sa personnalité théâtrale et son jeu de guitare typique chez les cousins pop de Menomena ou chez Tu Fawning. Mais pour les fans du trio d’origine, c’est bien du côté de Vin Blanc / White Wine, son projet solo, que les spécialistes ont retrouvé son approche si personnelle de la composition, et sa voix.
Les limites du projet solo sans doute atteinte avec son deuxième album « in every way but one » (2013), c’est accompagné de Fritz Brückner et Christian Kimes Kühr que le vin blanc nous revient. Basé dorénavant à Leipzig, vieille Europe, le groupe abandonne son nom français (petite coquetterie sans doute plus adaptée aux américains) pour ne garder que le White Wine. Ainsi soit-il.
Et dès le début, on sent que la folie créatrice de Haege n’a pas souffert du changement de continent. Sa pop romantico-tordue reprend le chemin des sommets qu’avaient atteint à sa façon le math-rock de 31Knots. On y retrouve la même excentricité, la même bizarrerie, les chemins de traverse, l’absence de limite. Bien entendu, on a perdu le groove inimitable de son trio d’origine, remplacé dans White Wine par une approche plus mécanique, plus machine. Mais le groupe en fait son partie, et offre à l’ancien projet solo une autre dimension. Sa pop n’en est que plus tendue, plus bizarre. On pense parfois au mélange qu’ont parfaitement géré Portishead sur leur dernier album (samples et rythmiques dures pour un format exigeant mais accessible). Ici, les couleurs kitch des harmonies s’opposent à la froideur répétitives des rythmiques. Mêmes les arpèges romantico-cheap s’accommodent parfaitement des sons sales et plus bruitistes.
A travers ce nouvel album, Joe Haege dévoile ainsi une vision baroque et étonnante du futur. Entre recherches complexes et légèreté kitch. Une musique hors-norme, subtilement torturée, et étrangement accessible.
Avec « who cares what the laser says? », Joe Haege, aidé de ses acolytes, semble retrouver le génie qui le caractérise. Et malgré les limites du style, les amateurs de son groupe math-rock pourrait bien, enfin, retrouver un peu de nouveauté.
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