Tirabosco, on l’aime beaucoup à Positiverage. Parce qu’on lui doit des récits qui comptent dans la bande dessinée contemporaine, comme L’œil de la forêt (paru chez Casterman en 2003), La fin du monde ou Sous-sols (sortis respectivement en 2008 et 2010 chez Futuropolis sur des scénarios de Wazem). Et parce que son dessin charbonneux, au trait épais, reconnaissable entre 1000, a une force et une expressivité qui ne s’oublient pas. Il était, du coup, hors de question de passer à côté de ce Wonderland, premier récit autobiographique de l’auteur !
Tirabosco y raconte la jeunesse du petit Tommaso, de sa naissance au collège. Il y parle bien sûr de sa passion, très précoce, pour le dessin, de ses influences artistiques (Walt Disney, Tintin ou Burian, un dessinateur tchèque qui réalisait une série sur la vie des animaux sauvages), de son caractère (un peu renfermé, pas vraiment sûr de lui, il aime rester dans sa chambre pour se réfugier dans ses livres) mais aussi, et surtout, de sa famille. De sa mère, suisse, et de son père, italien, de leur belle rencontre, à Rome, de l’arrivée de leurs 3 enfants dans leur vie et de leurs disputes, trop récurrentes et parfois violentes par la suite, qui ont toujours fait peur à Tommaso. De la personnalité particulière de son père, géant (il mesurait presque 2 mètres) imprévisible et irascible. Et de sa relation avec son frère Michel, handicapé physique à la naissance et dont Tom était pourtant jaloux parce que leur mère le protégeait, encore plus, de son amour et parce qu’il réussissait tout ce qu’il entreprenait malgré les moignons qui finissaient ses bras et la prothèse à la jambe qu’il devait porter pour pouvoir marcher.
Une œuvre qui marque par sa sincérité et son honnêteté dans laquelle on retrouvera forcément un peu de nous-mêmes et de notre propre histoire (dans cette relation compliquée avec son père ou dans ces angoisses qui pouvaient habiter le jeune Tommaso) et qui est bien sûr aussi une occasion rêvée de découvrir qui se cache derrière les œuvres souvent singulières de Tirabosco. Sans oublier ce travail graphique superbe, tout en noir et blanc, qui propose quelques jolies trouvailles métaphoriques, comme la pieuvre géante de la première de couverture qui symbolise les forces sombres qui empêchent Tommaso d’avancer et de prendre confiance en lui et qu’il finit par vaincre à la fin du récit. Coup de cœur ! Mais c’était prévisible…
(Récit autobiographique – Atrabile)