BD. Lovecraft n’aura jamais connu le succès de son vivant. Dommage qu’il ne puisse pas (quoique, on ne peut être sûr de rien…) voir la reconnaissance et l’impact de son oeuvre depuis la création du jeu de rôle L’appel de Chtulu. Rien que ces derniers mois, on compte, par exemple, l’hommage inspiré de Daria Schmidt (Le Bestiaire du crépuscule), le hors-série de Métal Hurlant spécial Lovecraft et, donc, cette adaptation de l’une de ses nouvelles par Bastian et Cammarata, La Tombe. Un récit centré sur le personnage de Jervas Dudley, un jeune homme rêveur qui a passé son enfance à lire et à se promener dans les endroits les plus étranges de la campagne environnante. Une habitude qui le mena un jour jusqu’à la colline où se dressait jadis la villa des Hyde, détruite par un incendie provoqué par un orage. Entourée des jalousies les plus féroces et des fantasmes les plus sauvages (les Hyde organisaient, paraît-il, des soirées sado-maso…), il fût rapidement décrété que la famille avait été punie pour ses mœurs sombres…De leur propriété, ne restait qu’un mausolée accueillant leurs tombes. Un endroit que le jeune Dudley commença à visiter tous les jours, cherchant un moyen de pouvoir entrer dans le mausolée. Une véritable obsession, macabre, qui finit par inquiéter ses parents…
Une oeuvre de jeunesse pas forcément très originale (comme le montre l’influence de Poe, encore importante ici, ou l’emprunt au Docteur Jekyll et Mr Hyde de Stevenson), le jeune Lovecraft cherchant encore son style, mais qui permet de découvrir ses premiers pas littéraires. Une nouvelle en tout cas a priori difficile à mettre en image, l’intrigue, avant tout psychologique, se déroulant principalement dans l’esprit de Dudley. Mais le duo Bastian/Cammarata s’en tire plutôt bien, parvenant à créer, via un trait sombre (les aplats de noir sont omniprésents) et des couleurs informatiques sinistres, une atmosphère mystérieuse et lugubre à la fois. Un peu daté, le récit ne provoque pas forcément un grand effroi chez le lecteur mais est l’opportunité de découvrir un récit de jeunesse méconnu de Lovecraft.
(Récit complet, 72 pages – Les Humanoïdes Associés)