BD. Ce livre est un petit évènement. Parce qu’il signe le retour au dessin de loisel. Un one-shot de 168 pages que l’auteur de La Quête de l’oiseau du temps ou Magasin général, 2 séries qu’il faut absolument posséder dans sa bédéthèque, a concocté avec Djian au scénario. Un récit qui va surprendre car totalement délirant. L’histoire de Pierrot, un facteur qui ne comprend pas pourquoi il se prend râteau sur râteau avec les femmes. Pourtant, sa mère lui dit continuellement qu’il est beau gosse et d’ailleurs, c’est ce qu’il voit quand il se regarde dans un miroir : un joli garçon. Sauf que sa mère a des pouvoirs magiques. Qu’elle a utilisé pour changer son reflet dans un miroir. Mais aussi pour créer des domestiques (comme elle venait tout juste d’acquérir ses pouvoirs, elle s’est un peu loupée et les serviteurs en question ressemblent à des monstres…) pour l’aider chez elle dans les travaux ménagers. Ou pour transformer son mari, un colonel qui l’a trompée avec tout ce qui bouge…, en buste de pierre vivant : il ne peut pas bouger mais a ses 5 sens…Pour son anniversaire, elle décide d’inviter une escort-girl à la maison, Mimi, qui ressemble à un mannequin dans un magasin sur lequel Pierrot fantasme. Cette soirée va rapidement partir en sucette, vous l’avez compris…
Loisel et Djian revisitent ici le thème du « monstre » (ce qui compte, c’est la beauté intérieure…) tout en abordant l’impact de l’éducation parentale (les non-dits, le mensonge, le travestissement de la réalité) sur les enfants et leur psyché dans une histoire détonante, bien loufoque (en plus de tout ce que l’on a déjà mentionné, on pourrait ajouter une bouée de canard qui parle ainsi que des plantes carnivores géantes…) et osée (les scènes de sexe sont très présentes même si on ne voit pas tout, bien entendu, et les dialogues sont explicites).
Bon, on est assez loin du meilleur de Loisel mais il faut reconnaître que ce livre étonne, voire déconcerte. Et on retrouve ce dessin typique, nerveux et plein de vie, « à l’ancienne » (bien détaillé, avec l’emploi fréquent de hachures) avec grand plaisir !
(Récit complet, 168 pages – Rue de Sèvres)