BD. 15 ans après Voyage aux îles de la désolation, Emmanuel Lepage a de nouveau embarqué sur le Marion Dufresne, navire qui fait la traversée entre La Réunion et les îles Kerguelen, terres australes françaises situées au sud de l’océan Indien. Mais cette fois, il y restera un mois, accompagné d’une équipe d’Arte chargée de réaliser un documentaire sur les scientifiques qui y travaillent. On le sait, quand l’auteur nous embarque dans un voyage, on ne sait pas où il va nous mener (le sait-il d’ailleurs vraiment lui-même?). Bien sûr, Danser avec le vent, s’apparente régulièrement à un carnet de voyage qui fait la part belle, à travers les aquarelles vibrantes, vraiment magnifiques, de l’auteur, à la majesté de cette nature âpre et sauvage, (presque) préservée et à sa faune (manchots, éléphants de mer, pétrels, otaries, orques…) émouvante. Mais voyager, pour lui, c’est surtout aller à la rencontre de l’autre. Comprendre ses motivations, saisir ce qui pousse ces individus souvent jeunes à se mettre en retrait du monde civilisé pendant un an et parfois plus. Il a donc fait une place à Alexis et ses fêlures, à Tobie et ses doutes où Laura et ses aspirations, qui lui ont confié une partie de leur intimité lors de soirées passées ensemble ou lorsqu’il les a accompagnés dans leurs journées passées à équiper les éléphants de mer de balises pour mieux les connaître ou à « prélever » des chats (ils ont été introduits sur l’île au milieu du 20e siècle pour chasser les souris…) qui menacent la survie de l’albatros hurleur, dans son récit. Et si Lepage est allé aux Kerguelen, c’est aussi pour se confronter à l’immensité de la nature, à sa beauté, à sa magie. Et donc à lui-même…
Tout cela donne un livre une nouvelle fois unique, totalement hybride, riche et d’une belle humanité. Existentialiste, poétique, écologique et politique aussi. Qui raconte la beauté de la rencontre et de la découverte. Dans lequel l’auteur se livre, en filigrane, avec une grande sincérité. Incontournable !
(Récit complet, 224 pages – Futuropolis)