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JACQUES DAMOUR (Henry/Henry)

Vous ne connaissez pas cette nouvelle d’Emile Zola ? Eh bien cette très belle adaptation de Gaël et Vincent Henry (qui sort chez Sarbacane, éditeur à découvrir de toute urgence si vous ne le connaissez pas encore!) vous donne l’occasion de la découvrir.
Jacques Damour, comme son titre l’indique, raconte la vie (une grande partie en tout cas), particulièrement romanesque, d’un homme. Jugez-en plutôt : ciseleur dans le Paris du XIXe siècle, il mène une vie simple mais heureuse avec sa femme Félicie et ses 2 enfants. Puis les Prussiens arrivent et sa vie est complètement bouleversée. « Remonté » par Berru, un ami révolutionnaire (le genre, épinglé ici par Zola et Henry, à beaucoup parler mais à ne pas beaucoup agir), Jacques va se battre avec son fils aux côtés des Communards pour la liberté et la justice. Mais Eugène meurt sur les barricades, atteint d’une balle à la poitrine. Et Jacques est bientôt arrêté par les troupes versaillaises (alors que Berru a fui depuis longtemps…) et envoyé au bagne de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Là-bas, il parvient à s’échapper et à rejoindre l’Australie. Où il décide de tenter de faire fortune avant de retrouver sa famille à Paris. Alors direction l’Amérique, le grand ouest, les rêves d’or, le pétrole mais aussi l’imprévisibilité de la bourse et les hors la loi. Bref, 10 années ont passé et quand Jacques revient, sa femme s’est remariée, le croyant mort…
Une vie trépidante qui nous est contée par bribes car les différents narrateurs (Berru, la fille de Damour et enfin Jacques lui-même) qui se succèdent dans le récit sont constamment interrompus (par la reprise d’un opéra, par un amant submergé par le désir, par la fatigue nocturne, aidée par l’absinthe, qui guette…)… Un procédé habile qui permet bien sûr à Vincent Henry d’éviter une narration trop classique et linéaire tout en tenant le lecteur en haleine jusqu’au bout. Et comme le dessin de Gaël, dynamique et expressif (on sent, dans sa recherche de mouvement et certaines expressions de visages, l’influence de Christophe Blain. D’ailleurs, Berru a un peu la même coiffure que Clem, l’un des héros de Gus), est aussi très réussi, on suit les péripéties de cet homme aussi malchanceux que naïf à travers quelques moments clés de l’Histoire (la Commune, la conquête de l’ouest…) avec grand plaisir. Une bien belle découverte.

(Récit complet – Sarbacane)